"On a peur qu'il se fasse assassiner" : au Liban, la libération de Georges Abdallah suscite espoir et inquiétude

Considéré comme l'un des plus anciens détenus de France, l'homme condamné pour complicité d'assassinats de diplomates américain et israélien est attendu au Liban d'ici la fin du mois de juillet.

Article rédigé par Arthur Sarradin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Georges Ibrahim Abdallah, militant de la cause palestinienne, lors de son procès au tribunal de Lyon, le 3 juillet 1986. (AFP PHOTO)
Georges Ibrahim Abdallah, militant de la cause palestinienne, lors de son procès au tribunal de Lyon, le 3 juillet 1986. (AFP PHOTO)

Libre, après plus de 40 ans dans les prisons françaises. La justice française a ordonné la libération de Georges Ibrahim Abdallah, condamné en 1987 pour complicité d'assassinats de diplomates américain et israélien, et considéré comme l'un des plus anciens détenus du pays. Le militant communiste libanais est considéré comme l'un des plus anciens détenus de France.

Sa libération, au centre de nombreuses pressions politiques, aura lieu le 25 juillet avec un retour dans son pays, au Liban. À Beyrouth, celui-ci n'a pas été oublié : ils sont d'ailleurs là depuis des années, ces portraits de Georges Abdallah placardés dans la rue d'Hamra, l'une des rues les plus célèbres de Beyrouth.

Dans le quartier, historiquement marqué à gauche, vit Bassem, militant politique. "Georges Abdallah aurait pu être libéré depuis 1999 ! Là, il revient dans un pays qui a encore perdu des vies depuis la dernière guerre, mais qui résiste encore… On l'attendra à son arrivée pour l'accueillir et l'embrasser", assure-t-il.

"Nous demandons que l'Etat libanais le protège"

Et Bassem de confier avoir été arrêté il y a quelques années alors qu'il avait tagué l'ambassade de France du nom du prisonnier. Preuve s'il en est que Georges Abdallah a marqué, depuis des décennies, la gauche libanaise, comme le rappelle Zeina al-Helou, chercheuse. "Je ne sentais pas que j'allais le voir un de ces jours. C'est un chrétien libanais et on a tendance souvent à oublier que la résistance est résultante de l'occupation et non du régime iranien et non du Hezbollah en particulier."

Mais si les militants de gauche libanais attendent son retour dans les prochains jours, des inquiétudes apparaissent. "Il faut savoir que la guerre ne s'est pas arrêtée ici. Nous avons peur que ses ennemis ne l'attaquent à sa sortie de prison. Nous demandons que l'Etat libanais le protège comme tout citoyen, car on a peur qu'il se fasse assassiner", précise Fidaa Abd al-Fatah, avocate libanaise de Georges Abdallah.

De son côté, l'ambassade d'Israël à Paris a dit "regretter" la décision de la justice française. Mais selon l'avocate de Georges Abdallah, rien ne peut plus empêcher son retour  le 25 juillet prochain.

Le reportage d'Arthur Sarradin à Beyrouth

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