"J'ai rentré une fausse date de naissance et le compte a été créé" : comment les adolescents contournent la majorité numérique sur les réseaux sociaux

Deux tiers des moins de 13 ans ont au moins un compte sur les réseaux sociaux, d'après les derniers chiffres de la Cnil.

Sandrine Etoa-Andegue

Radio France

Publié le 30/04/2025 09:20

Temps de lecture : 2min

Illustration. Applications de réseaux sociaux sur un téléphone portable, août 2023. (JONATHAN RAA / NURPHOTO)

Interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans : la ministre déléguée chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique, Clara Chappaz, a dit, mardi 29 avril, sur franceinfo, y "travailler activement". Il existe une "majorité numérique" en France légalement fixée à 15 ans par une loi de 2023. En dessous, il faut un accord parental pour créer un compte sur un réseau social.

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Mais cette loi n’est pas appliquée parce qu'elle n'est pas conforme avec le droit européen. Deux tiers des moins de 13 ans ont au moins un compte sur un réseau social, selon une enquête de la Cnil de 2021. Les jeunes contournent facilement le cadre légal.

"Je vérifie ce qu'elles regardent"

À la sortie de ce collège parisien, côté réseaux sociaux, c'est le même triplé qui revient chez tous les adolescents interrogés : "Je suis inscrit sur Snapchat, TikTok et Instagram." Créer un compte est "une formalité", s'amusent Julien et ses deux amis, tous élèves de 4e : "J'ai rentré une fausse date de naissance et ça s'est directement activé, le compte a été créé", assure l'un.

"Sur tous les sites je dis que je suis un 2000 comme ça, c'est plutôt simple à retenir. Par jour, juste sur TikTok, je pense que je peux rester cinq ou six heures"

Un collégien
à franceinfo

Les deux filles de Natacha âgées de 14 et 11 ans ont, elles, aussi menti sur leur âge pour ouvrir leurs comptes. Plutôt qu'interdire les réseaux sociaux avant 15 ans, cette maman préfère surveiller les contenus : "Je vérifie ce qu'elles regardent. Je suis moi-même sur ces réseaux sociaux et régulièrement je prends leur téléphone pour vérifier. Elles le savent, je leur dis et il n'y a pas de problème. C'est : 'Interro surprise, je vous prends vos téléphones, je vais regarder !' Je vérifie leurs messages, les personnes qui sont abonnées à elle etc."

Avant 15 ans, pas de portable du tout, préconise Violetta, plus radicale : "C'est une catastrophe pour nous, les parents. Elle n'écoute pas, elle est nerveuse, elle est excitée à cause de son téléphone." Mais ce serait une véritable mort sociale : "Elle a vécu dans une autre génération, elle ne se rend pas compte, comment c'est...", soupire Sophie, sa fille de 14 ans.

Comment les adolescents contournent la majorité numérique sur les réseaux sociaux. Le reportage de Sandrine Etoa-Andegue