"J'ai vécu la honte, elle doit changer de camp" : vers la réhabilitation des femmes condamnées pour avoir avorté et de celles qui les ont aidées
Le Sénat a adopté jeudi une proposition de loi pour réhabiliter les femmes condamnées avant la dépénalisation de l'IVG. Une loi symbolique mais essentielle pour les premières concernées ou leurs familles.
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Jocelyne Vitis replonge dans ses souvenirs d'enfance et ce matin de 1962, lorsque des policiers surgissent dans sa maison, à Rouen. Jocelyne a quatorze ans. Sa mère est arrêtée sous ses yeux pour avoir, comme elle l'apprendra plus tard, aidé une voisine à avorter. "Je ne savais pas ce qui se passait, je ne comprenais pas. Et vers 19, 20 heures, ma maman est revenue. Elle m'a dit : ne vous inquiétez pas, ce n'est pas grave. Mais le lendemain matin, le fourgon de police est revenu la chercher. Et puis le soir, elle n'est pas rentrée."
Sa mère est incarcérée, jugée et condamnée à huit mois de prison ferme. Avant la loi Veil, promulguée le 17 janvier 1975, les interruptions volontaires de grossesse (IVG) sont encore passibles d'emprisonnement, pour les femmes qui avortent comme pour ceux qui les aident. "J'ai été abîmée dans ma chair parce que j'étais l'enfant d'une criminelle, poursuit Jocelyne. Mais je pense qu'elle était une mère avant tout. Elle a eu un geste de mère, un geste humaniste. La misère de la société était bien différente de celle qu'elle est aujourd'hui. Les mamans avaient du mal, quelquefois, à élever des enfants quand elle en avait plusieurs. Et j'ai vécu la honte, vous comprenez ? Et la honte, elle doit changer de camp."
D'où l'utilité de cette proposition de loi, votée jeudi 20 mars au Sénat, pour réhabiliter les femmes condamnées pour avoir avorté illégalement avant la dépénalisation de l'IVG. Le texte, proposé par l groupe socialiste et adopté à l'unanimité en première lecture, est avant tout symbolique. Il ne prévoit pas de compensation financière mais il reconnaît la souffrance et les traumatismes des personnes condamnées pour avoir avorté ou aider à avorter.
"Que les générations n'oublient pas cette souffrance"
"Moi, je suis heureuse qu'on réhabilite ma maman, même si elle n'est plus de ce monde. C'était son histoire, mais c'est aussi la mienne, en tant que sa fille. Et ce que je voudrais, c'est que les générations sachent ce qui s'est passé. Et que les générations n'oublient pas cette souffrance, cette douleur. J'en parle parce que je veux absolument une transmission." Voilà pourquoi Jocelyne soutient également le deuxième volet de cette proposition de loi : la création d'une commission nationale chargée de recueillir et de transmettre la mémoire de ces traumatismes.
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