"Plutôt qu'interdire" les écrans avant 6 ans, je préfèrerais qu'on utilise le terme de restreindre", estime la présidente de l'association générale des enseignants des écoles maternelles publiques

"Interdire" les écrans aux élèves de moins de 6 ans, "ce serait se débarrasser du problème", note Maryse Chrétien

Article rédigé par franceinfo
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Illustration d'une enfant devant un écran de télévision. (FRANCOIS DESTOC / MAXPPP)
Illustration d'une enfant devant un écran de télévision. (FRANCOIS DESTOC / MAXPPP)

"Plutôt qu'interdire, je préfèrerais qu'on utilise le terme de restreindre", a estimé Maryse Chrétien, présidente de l'association générale des enseignants des écoles maternelles publiques (Ageem), sur France Inter mardi 29 avril.

Un peu plus tôt dans la journée, cinq sociétés savantes ont publié une tribune, en recommandant de proscrire les écrans avant 6 ans car ils "altèrent durablement santé et capacités intellectuelles". Le message actuel des autorités sanitaires, "pas d'écran avant trois ans", est "clairement insuffisant et doit être actualisé à la lumière des connaissances récentes", en devenant : "Pas d'écran avant six ans", affirment-elles, un an après le rapport "Enfants et écrans" réalisé par une commission d'experts voulue par Emmanuel Macron.

"Interdire" les écrans aux élèves de moins de 6 ans, "ce serait se débarrasser du problème", note Maryse Chrétien. "Restreindre, ça veut dire qu'on pose une limite et peut-être que là, on va travailler tous ensemble, en ayant peut-être une charte de bonne utilisation des écrans".

"Il faut éviter de culpabiliser tout le monde"

"On ne souhaite pas se débarrasser du problème, on est des professionnels et on souhaite un usage raisonné du numérique", ajoute la présidente de l'Ageem. L'interdiction serait aussi un "problème" car les enseignants ont "une liberté pédagogique", défend Maryse Chrétien. "On peut utiliser les supports et les outils dont on a besoin pour pouvoir mettre en place des situations d'apprentissage". Surtout que l'utilisation des écrans est déjà encadrée, défend-elle, "parce que nous sommes des professionnels et que nous ne laissons pas les enfants sur un temps long devant des écrans", insiste-t-elle.

Selon la présidente de l'Ageem, c'est justement à l'école maternelle, "parce qu'on accueille les familles, qu'on va pouvoir parler des écrans et les accompagner sur cet usage raisonné des écrans". "Il faut éviter de culpabiliser tout le monde", plaide Maryse Chrétien, qui a eu l'impression en lisant la tribune publiée entre autres par la Société française d’ophtalmologie, la Société française de pédiatrie ou encore la Société française de santé publique, "qu'on nous monte les uns contre les autres et qu'on culpabilise".

Des écrans très pratiques "pour des élèves en situation de difficulté"

Les tablettes, les ordinateurs, les tableaux interactifs servent "occasionnellement" aux enseignants en classe maternelle, relate la présidente de l'Ageem. "Ça peut être la tablette pour que les enfants puissent aller prendre en photo une des réussites d'une action qu'ils ont mise en place." Maryse Chrétien se souvient aussi qu'un enfant lui demandait de chercher "l'image d'un caméléon de toutes les couleurs" sur "sa tablette magique", pour qu'il découvre à quoi ressemble l'animal.

Les écrans sont aussi très pratiques "pour des élèves en situation de difficulté en grande section par exemple", selon Maryse Chrétien, puisqu'avec le numérique, il y a "ce droit à l'erreur, c'est-à-dire que quand on est sur une tablette, on peut effacer, on peut revenir, on peut parler, on peut réécouter".

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