Info franceinfo Rentrée scolaire : les trois quarts des collèges et lycées ont une équipe incomplète, selon une enquête du Snes-FSU

L'enquête du principal syndicat des enseignants du second degré dans le public dément le chiffre avancé par la ministre de l'Education. Elisabeth Borne évoque un manque "de 2 500 professeurs" en cette rentrée scolaire. C'est plus selon le Snes-FSU.

Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
La cour d'un collège, à Paris, en février 2021. (MYRIAM TIRLER / HANS LUCAS / AFP)
La cour d'un collège, à Paris, en février 2021. (MYRIAM TIRLER / HANS LUCAS / AFP)

Les trois quarts des collèges et lycées français (73%) ont fait leur rentrée scolaire cette semaine avec une équipe incomplète, selon l'enquête du Snes-FSU que franceinfo révèle jeudi 4 septembre. Le principal syndicat des enseignants du second degré dans le public souligne qu'il manque ainsi, soit un ou plusieurs professeurs, soit un conseiller principal d'éducation (CPE), soit un psychologue de l'Education nationale (PsyEN), soit un accompagnant d'élève en situation de handicap (AESH), soit un assistant d'éducation (AED), dans 73% des collèges et des lycées. C'est sensiblement la même proportion que l'an dernier.

Ce chiffre "est révélateur de la pénurie de personnels, quel que soit leur métier", s'alarme le Snes-FSU, ajoutant : "À l'heure où la jeunesse va mal, où elle grandit dans un monde à la complexité croissante, où elle a besoin de plus d'adultes, le manque de personnels est désastreux".

Un manque de personnel dans tous les métiers, toutes les académies

Dans le détail, il manquait à la rentrée au moins un professeur dans plus de la moitié des établissements publics (55%). "Les chiffres annoncés par Elisabeth Borne lundi sont vraisemblablement sous-estimés", estime le syndicat. La ministre de l'Education nationale a affirmé qu'environ 2 500 enseignants manquaient à l'appel pour cette rentrée scolaire. "Des dizaines de milliers d'élèves ont commencé l'année sans professeur, y compris dans des classes à examen", déplore le Snes-FSU. L'an dernier, au 5 septembre, il manquait au moins un professeur dans 56 % des collèges et des lycées. L'enquête pointe une situation qui reste "particulièrement dégradée", signe de "l'inaction des différents ministres face à la crise du recrutement".

En ce qui concerne les disciplines, la situation est particulièrement tendue en éco-gestion, espagnol, mais aussi en français et mathématiques.

"Renoncement scandaleux à l'ambition de l'inclusion"

Le syndicat dénonce par ailleurs le "renoncement scandaleux à l'ambition de l'inclusion" des élèves en situation de handicap. Selon l'enquête, il manque au moins un ou une AESH dans 12,24 % des collèges et des lycées. Il manque également un ou une psychologue scolaire dans 13,2% des établissements. "À l'heure où tous les signaux montrent une dégradation de la santé mentale des adolescents, où Elisabeth Borne multiplie les annonces sur le sujet, les moyens ne suivent pas", s'indigne le Snes-FSU. À noter encore qu'il manque au moins un ou une CPE dans 8,8% des collèges et lycées et un assistant d'éducation dans 11,1% des établissements.

Ces problèmes de recrutement touchent l'ensemble des académies, même si toutes ne sont pas logées à la même enseigne. Dans l'académie de Lyon, ce sont ainsi dans les trois quarts des établissements du second degré (75%) où il manque au moins un poste, tout comme à Créteil (72%). Plus de la moitié des collèges et lycées sont touchés en Normandie (57,5%) ou dans l'académie de Lille (55%). La situation est un peu moins tendue sur Aix-Marseille, avec 41% des établissements concernés, ou encore à Dijon où la pénurie est moindre avec 29,1% d'établissements impactés.


Méthodologie

Cette enquête sur les conditions de la rentrée scolaire a été réalisée par téléphone et mails auprès des responsables de sections Snes-FSU des établissements, du 29 août, 8h, au 3 septembre, 10h30, sur un échantillon de 1 005 établissements en prenant en compte le poids de chaque académie, ainsi que la répartition collèges/lycées.

À noter que les Outremers ne sont pas pris en compte dans cette enquête, l'échantillon recueilli n'était pas assez solide, précise le syndicat.

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