Enseignement primaire : la Cour des comptes déplore une organisation jugée en décalage avec les besoins des élèves

Les commissaires recommandent notamment de réformer le statut de directeur d'école et de systématiser le regroupement d'écoles dans les zones concernées par la baisse du nombre d'élèves.

Article rédigé par franceinfo
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La Cour des comptes appelle à faire mieux pour l'école primaire, dans un rapport publié mardi 20 mai. (MARTIN NODA / HANS LUCAS via AFP)
La Cour des comptes appelle à faire mieux pour l'école primaire, dans un rapport publié mardi 20 mai. (MARTIN NODA / HANS LUCAS via AFP)

La Cour des comptes déplore que l'enseignement primaire soit en décalage avec les besoins des élèves, selon un rapport consulté mardi 20 mai par franceinfo. Les commissaires demandent au ministère de l'Education de réexaminer l'organisation de l'enseignement primaire pour améliorer ses performances.

La Cour des comptes rappelle que le niveau des écoliers est en baisse depuis dix ans et que la France occupe régulièrement les dernières places dans les classements européens, surtout en mathématiques et en français. Pourtant, souligne la Cour, les dépenses consacrées à l'école primaire n'ont cessé de croître pour atteindre 52 milliards d'euros en 2022, soit un peu moins du tiers du budget total pour l'Education (en prenant en compte l'enseignement supérieur et la formation continue). Mais la France dépense moins que les autres pays dans l'enseignement élementaire, pointe le rapport. Par rapport à la moyenne de l’OCDE, on observe ainsi une contribution moindre de l’État (1,3% du PIB contre 1,5% en 2020). 

"Il faut que l'Etat puisse investir"

"Quand on regarde [le rapport] dans sa globalité, on voit bien que la Cour des comptes a un regard comptable, estime Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du syndicat d’enseignants du premier degré SNUipp-FSU, mardi sur franceinfo. Ils ont le souci de regarder ce qui coûte. Mais nous, on part plutôt du principe que l'éducation, c'est un investissement sur l'avenir. Il faut que l'Etat puisse investir, notamment dans l'école primaire."

La question de l’attractivité du métier d’enseignant demeure centrale, selon elle : "On a une école qui, depuis un bon nombre d’années, est au bord de la rupture parce qu’on a une baisse de l’attractivité du métier avec des conditions de travail qui se dégradent." A cela s’ajoute la problématique salariale, souvent pointée du doigt. "On est dans l'OCDE un des pays qui rémunère le moins bien ses enseignants", souligne-t-elle.

Créer un statut de directeur d'école : un "marronnier" ?

La Cour de Comptes recommande notamment de "créer un statut de directeur d'école, ou à défaut généraliser une décharge totale", ce qui n'est pas le cas actuellement. Cette évolution pourrait "aller jusqu'à prendre la forme d'un contrat d'objectifs et de moyens négocié avec les directeurs d'écoles, pour les écoles les plus importantes". Pour Guislaine David, la question du statut de directeur d’école "est un marronnier". Selon elle, "les directeurs sont d'abord et avant tout des enseignants, des professeurs des écoles, contrairement aux chefs d'établissement dans le second degré qui passe un concours spécifique. De fait, on a des enseignants qui exercent une fonction de pilotage de l'équipe pédagogique et qui sont dépassés par la charge administrative". Mais "les directeurs d'école ne veulent pas avoir ce statut de chef hiérarchique des enseignants de leur école, mais ils veulent avoir une aide administrative", assure la syndicaliste. 

Autre piste avancée par les commissaires : améliorer la formation des professeurs afin de mettre le numérique au service de la pédagogie. Enfin, face à la baisse du nombre d'élèves, la Cour des comptes recommande de systématiser le regroupement d'écoles dans les zones les plus concernées.

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