Affaire Bétharram : pourquoi la proposition d'un Office national de prévention et contrôle des établissements scolaires fait (déjà) polémique

Des associations de victimes critiquent notamment le manque de distance entre François Bayrou et Alain Esquerre, selon les informations de franceinfo.

Article rédigé par Stéphane Pair
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes de Bétharram, lors d'une conférence de presse avec François Bayrou le 15 février 2025 à Pau. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)
Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes de Bétharram, lors d'une conférence de presse avec François Bayrou le 15 février 2025 à Pau. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Alain Esquerre, le porte-parole des victimes de Bétharram, a tout récemment proposé à François Bayrou la création d’un Office national de prévention et de contrôle des établissements scolaires, a appris franceinfo, confirmant une information du Canard Enchaîné. Un projet qui a été mal reçu par l'Union des collectifs des victimes des écoles catholiques en raison du manque de concertation en amont du projet.

Le projet que franceinfo s'est procuré vise à "assurer la protection et la sécurité des enfants dans les établissements scolaires, orphelinats et clubs sportifs pour prévenir et traiter les violences physiques, morales et sexuelles". La structure proposée par Alain Esquerre se veut indépendante mais néanmoins rattachée à plusieurs ministères dont ceux de l’Éducation nationale, de la Santé et de la Justice. Dans ce document de deux pages, Alain Esquerre fixe les missions de cet office : la surveillance et le contrôle (avec des inspections inopinées des établissements), des pouvoirs d’enquête et d’investigation (recueil des plaintes et témoignages) et même la formation et la certification des personnels encadrants. Il suggère, par exemple, la création d’un label "Sécurité enfants", une sorte de certification renouvelée tous les deux ans avec des performances "Or" et "Argent" pour les écoles les plus méritantes..

Selon ce projet, le directeur général de cet office, dotée d'un budget de 4 millions d'euros, serait nommé par le Premier ministre. Alain Esquerre propose aussi que le siège de cette structure soit situé à Paris mais aussi à Pau, "marqueur symbolique fort et reconnaissance de l’origine du combat. Cela montre que l’on n’esquive pas le problème, mais qu'on l’affronte là où il est né" écrit le porte-parole du collectif des victimes de Bétharram.

Alain Esquerre, trop proche de François Bayrou ?

Le projet a été rédigé par le lanceur d'alerte Alain Esquerre et Alexandre Perez, ancien élève de Bétharram mais aussi l'un des conseillers de François Bayrou à la mairie de Pau. Il a été présenté le 30 avril dernier à François Bayrou, mais aucune des associations membres de l'Union des collectifs des victimes des écoles catholiques n'était au courant.

Au moins huit associations (Les filles du Bon Pasteur, Stop Souffrance établissements cathos, Saint-Pierre-Relecq-Kerhuon, Limoges-Ozanam, Saint-Joseph-de-Nay, Notre-Dame-de-Garaison,  Riaumont de Liévin, De l’Ombre à la Lumière) viennent donc de claquer la porte du collectif créé par Alain Esquerre, critiquant notamment le manque de distance vis-à-vis de l’actuel Premier ministre et de ses responsabilités dans l’affaire Betharram, selon les informations de franceinfo.

Des critiques exprimées dans une tribune qui ont valu aux représentants de ces associations dissidentes de recevoir, depuis lundi, des menaces de plaintes en diffamation de la part du conseiller délégué aux travaux de la mairie de Pau, Alexandre Perez. Mercredi 7 mai sur franceinfo, Michel Lavigne, un des représentants du collectif de Notre-Dame de Garaison, a annoncé la mise en place d'une "conférence des collectifs" pour s'opposer à la création de cet Office national de prévention.

Contactés, ni Alexandre Perez, ni Alain Esquerre n'ont souhaité répondre à nos questions.

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