Affaire Bétharram : la fille de François Bayrou affirme qu'il a bien rencontré le juge d'instruction chargé d'enquêter sur un viol en 1998

Hélène Perlant assure auprès de Mediapart que son père lui a raconté, en 1998, avoir discuté d'éléments couverts par le secret de l'instruction avec le juge Mirande, alors chargé de l'enquête sur un ancien directeur de Notre-Dame de Bétharram.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le Premier ministre, François Bayrou, à l'Elysée, le 16 avril 2025. (DANIEL PIER / NURPHOTO / AFP)
Le Premier ministre, François Bayrou, à l'Elysée, le 16 avril 2025. (DANIEL PIER / NURPHOTO / AFP)

Que savait François Bayrou des violences commises à Notre-Dame de Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), décrites notamment dans le livre Le Silence de Bétharram, publié jeudi 24 avril ? Sur le plateau de Mediapart, quelques heures après la parution de l'ouvrage, l'une des filles du Premier ministre, Hélène Perlant, a assuré que le maire de Pau lui a bien dit avoir rencontré le juge d'instruction Christian Mirande en 1998, alors qu'il enquêtait sur un ancien directeur de Notre-Dame de Bétharram, le père Carricart, accusé de viol.

Auprès du média, Hélène Perlant a relaté un échange avec son père, en 1998. "Il ne s'en souvient pas, je pense, mais je suis là le soir où il rentre de chez le juge Mirande (...) et il me dit : 'Ne le répète surtout pas, j'ai juré d'être dans le secret de l'instruction. Est-ce que tu crois possible ça [les accusations de violences sexuelles qui visaient le prêtre] ?'"

Interrogé sur une rencontre avec le juge d'instruction, évoquée par ce dernier, François Bayrou l'avait d'abord niée, puis avait reconnu une discussion fortuite et informelle sur les accusations visant le père Carricart, le magistrat étant son voisin de longue date. "Christian Mirande est un juge d'une absolue intégrité et il n'a jamais communiqué le moindre élément du dossier ; nous avons pu parler de l'ambiance, de l'établissement, jamais du dossier", avait ajouté le chef du gouvernement en février.

Il maintient ne pas avoir été mis au courant de l'ampleur des violences qui touchaient l'établissement, dont des centaines d'anciens élèves dénoncent aujourd'hui des violences physiques, psychologiques ou sexuelles, étalées sur plusieurs décennies. Sa propre fille, Hélène Perlant, a révélé mercredi avoir elle-même été frappée par un religieux de l'établissement et ne jamais en avoir parlé à son père.

Un député LFI l'accuse "d'enfreindre le secret de l'instruction"

"Jamais, pas une seule fois de ma vie et de toute ma vie politique, je ne suis intervenu dans une affaire judiciaire", a par ailleurs assuré le Premier ministre. Alain Hontangs, un ex-gendarme impliqué dans l'enquête sur le père Carricart, affirme en effet avoir été prévenu, à l'époque, par le juge Christian Mirande d'une "intervention" de François Bayrou dans le dossier, ce qu'il a maintenu devant la commission d'enquête parlementaire créée à l'Assemblée nationale après l'éclatement de l'affaire Bétharram. Le Premier ministre sera lui-même interrogé par cette commission d'enquête le 14 mai.

"Comme celles d'autres victimes, les déclarations d'Hélène Perlant contredisent les propos de François Bayrou", a réagi sur X le député LFI Paul Vannier, corapporteur de la commission d'enquête, qui a aussi fait référence à d'autres propos la fille du Premier ministre : alors que le Premier ministre affirmait avoir été informé par une de ses filles de "gifles" au sein de l'établissement, Hélène Perlant a assuré à Mediapart n'avoir aucun souvenir d'avoir échangé avec lui à ce sujet. "Il est un peu gonflé, parce que je n'ai parlé de rien", répond-elle.

"Oui, il est bien allé voir le juge Mirande, avec la conscience d'enfreindre le secret de l'instruction. Non, sa fille ne lui a jamais dit avoir été témoin d'une gifle comme il le prétendait devant les victimes de Bétharram à Pau le 15 février dernier. Sentiment de très grand trouble devant toutes ces contradictions", écrit Paul Vannier.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.