Affaire Bétharram : la congrégation religieuse qui dirigeait l'établissement reconnaît sa "responsabilité" dans les "souffrances" des victimes

Elle annonce également le lancement d'une commission d'enquête indépendante pour identifier "les causes" de ces "abus massifs", et promet d'indemniser les victimes de violences sexuelles prescrites commises par des laïcs.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'institution Notre-Dame de Bétharram, à Lestelle-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantique, le 28 février 2025. (GAIZKA IROZ / AFP)
L'institution Notre-Dame de Bétharram, à Lestelle-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantique, le 28 février 2025. (GAIZKA IROZ / AFP)

La congrégation religieuse des Pères de Bétharram, qui a longtemps dirigé l'établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques au cœur d'une vaste affaire de violences physiques et sexuelles, a reconnu mardi 4 mars sa "responsabilité" dans une interview accordée à l'AFP. S'exprimant au nom de ses pairs, le prêtre Laurent Bacho a assuré se sentir "responsable" face aux "souffrances de ces enfants (...) anéantis". Cette prise de parole était très attendue par de nombreuses victimes qui accusaient la congrégation de mutisme depuis le début de l'affaire.

Laurent Bacho annonce également le lancement d'une commission d'enquête indépendante, financée par la congrégation, pour identifier "les causes" de ces "abus massifs" commis durant des décennies. Cette commission, dont la composition doit encore être définie mais dont les membres seront extérieurs à la congrégation, travaillera pendant "au moins six mois", "pourra étudier les archives" et entendra des victimes et des membres de la congrégation.

Elle se penchera aussi sur le fonctionnement de celle-ci dans les "différents pays" où elle est présente, et devra permettre la mise en place d'outils pour éviter un nouvel "aveuglement", a expliqué Laurent Bacho. 

L'indemnisation élargie

Celui-ci ajoute que la congrégation va indemniser les victimes de violences sexuelles prescrites commises par des laïcs. Jusqu'à présent, seules les victimes de violences sexuelles commises par des religieux ont été indemnisées par la congrégation, dans le cadre de la Commission Reconnaissance et Réparation (CRR) mise en place par l'Église.

"Il va falloir proposer des solutions" aux victimes de violences physiques, ajoute Magalie Besse, directrice de l'Institut francophone pour la justice et la démocratie, une ONG qui accompagne la congrégation depuis mai. Mais "il y a des questions techniques complexes" liées au nombre important des victimes.

Pour l'heure, l'indemnisation de 19 victimes via la CRR, à hauteur de 700 000 euros, a absorbé 60% de ses finances. "La réparation financière est importante parce qu'elle donne du poids à nos mots", souligne Laurent Bacho. La congrégation va créer un nouveau fonds, financé par "la vente des quelques biens immobiliers" lui appartenant sur la commune de Lestelle-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), a expliqué le prêtre Laurent Bacho.

Plus de 150 plaintes déposées

Elle veut aussi agir sur le plan "mémoriel", avec l'idée d'édifier un monument ou d'installer une plaque. Elle participera à un forum sur les violences sexuelles organisé le 15 mars à Bayonne par l'IFJD.

D'anciens religieux et personnels laïcs de Notre-Dame-de-Bétharram sont visés par plus de 150 plaintes déposées par des anciens élèves pour violences physiques, agressions sexuelles et viols. Après un an d'enquête, le parquet de Pau a ouvert une information judiciaire en février, et un ancien surveillant né en 1965 a été mis en examen et placé en détention provisoire.

La très grande majorité des faits dénoncés, qui remontent jusqu'aux années 1950 et s'étalent sur un demi-siècle, sont prescrits

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