On vous résume la polémique après le débarquement d'adolescents juifs d'un vol de la compagnie Vueling

Si la compagnie aérienne espagnole dénonce des "comportements perturbateurs", la colonie de vacances pointe, elle, une "discrimination sur le fondement de la religion". Paris et Madrid ont officiellement réagi.

Article rédigé par franceinfo
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Les adolescents ainsi que leurs accompagnateurs ont été débarqués d'un avion opéré par la compagnie aérienne Vueling, mercredi 23 juillet 2025, à l'aéroport de Valence (Espagne). (Photo d'illustration) (JEAN-LUC FLEMAL / BELPRESS / MAXPPP)
Les adolescents ainsi que leurs accompagnateurs ont été débarqués d'un avion opéré par la compagnie aérienne Vueling, mercredi 23 juillet 2025, à l'aéroport de Valence (Espagne). (Photo d'illustration) (JEAN-LUC FLEMAL / BELPRESS / MAXPPP)

Deux versions radicalement différentes. Mercredi 23 juillet, 44 adolescents membres d'une colonie de vacances ainsi que sept de leurs accompagnateurs ont été débarqués d'un avion de Vueling à Valence (Espagne).

La compagnie aérienne low-cost dénonce des "comportements perturbateurs" ayant nécessité l'intervention de la garde civile (la gendarmerie espagnole), tandis que l'organisme de la colonie de vacances pointe une "discrimination sur le fondement de la religion". Franceinfo vous raconte en quatre actes comment cette polémique a pris de l'ampleur, jusqu'à provoquer des réactions du gouvernement français et espagnol.

1 Un groupe d'adolescents expulsé d'un avion de la compagnie Vueling en Espagne

Il est 14h30, mercredi 23 juillet, à l'aéroport de Valence. Un groupe de 44 adolescents mineurs de confession juive et de sept accompagnateurs entre dans un vol de la compagnie Vueling, à destination de Paris. La colonie de vacances vient alors de passer deux semaines en Espagne et s'apprêtait à rentrer en France.

Des incidents entre des jeunes et l'équipage auraient ensuite éclaté. Contactée par le personnel de bord, la garde civile intervient. En arrivant dans l'avion, les gendarmes procèdent à l'expulsion des jeunes. Alors que le ton monte, ils menottent ensuite l'une des responsables de la colonie de vacances au sol, comme on peut le voir sur une vidéo filmée par une accompagnatrice.

Les images font le tour des réseaux sociaux, avant d'être reprises par des personnalités telles que le ministre de la Diaspora juive d'Israël, Amichai Chikli, qui accuse sur X la compagnie "d'antisémitisme". C'est le point de départ de la polémique.

2 La compagnie dénonce des "comportements perturbateurs" des adolescents

Le lendemain, jeudi 24 juillet, deux versions de l'incident s'opposent. D'abord, celle de la compagnie, qui dénonce dans un communiqué publié sur X le "comportement perturbateur et conflictuel" adopté selon elle par les adolescents. Ceux-ci auraient notamment mis "en péril le bon déroulement du vol" en manipulant "de manière inappropriée du matériel de sécurité et [en interrompant] activement la démonstration obligatoire des consignes".

Selon le rapport d'incident de la garde civile espagnole, obtenu par franceinfo, les mineurs ont provoqué un tel "chahut" que le commandant de bord a dû sortir du poste de pilotage pour comprendre ce qui se passait. Pour ce qui est de la monitrice interpellée, une porte-parole de la gendarmerie a justifié son plaquage au sol, car celle-ci "refusait de descendre de l'avion et d'obéir aux agents".

3 La colonie de vacances accuse Vueling de "discrimination sur le fondement de la religion"

La version des organisateurs et des membres de la colonie de vacances est radicalement différente. Ceux-ci annoncent, le 24 juillet toujours, leur intention de porter plainte contre le transporteur "pour violence physique, psychologique et discrimination sur le fondement de la religion". "Tout ce que dit Vueling, à propos du comportement perturbateur à bord avec la manipulation de matériel de sécurité, est faux", assure le même jour auprès de franceinfo Julie Jacob, avocate du club Kineret, l'association de la colonie de vacances. 

"J'ai des dizaines de témoignages de personnes à bord qui ne font pas partie de la colonie qui disent le contraire [de ce qu'affirme Vueling]. Ils décrivent une ambiance calme, sans incident."

Julie Jacob, avocate de l'association de la colonie de vacances

à franceinfo

D'après les parents de certains enfants, le groupe a été pris à partie par l'équipage après qu'un adolescent a entonné une chanson en hébreu. Les enfants étaient "tranquilles" quand la garde civile est arrivée, a assuré la mère de l'un de ces adolescents, Karine Lamy, sur la chaîne israélienne i24News, dénonçant "un acte antisémite".

La monitrice de la vidéo aurait pour sa part été "plaquée au sol" et "menottée" après s'être "opposée à la confiscation des téléphones portables des enfants par la garde civile", raconte Julie Jacob. "Ils voulaient que les enfants suppriment toute vidéo prise à l'intérieur de l'avion." 

4 Les gouvernements français et espagnols s'accrochent

Le gouvernement français rejoint le bal des réactions, samedi 26 juillet, lorsque Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères demande des comptes à Vueling. "Il a été demandé des éléments d'explication, notamment pour déterminer si ces compatriotes avaient fait l'objet de discriminations liées à leur confession", interroge le Quai d'Orsay samedi dans un communiqué. Le ministère affirme en outre que le PDG de Vueling "lui a assuré qu'une enquête interne rigoureuse était en cours et que les conclusions de cette enquête seraient partagées avec les autorités françaises et espagnoles".

Le même jour, Oscar Puente, ministre des Transports espagnol, supprime une publication polémique sur X. Il y critiquait la droite espagnole, l'accusant de ne pas défendre la compagnie aérienne pour "faire équipe avec les gamins israéliens"

Des propos ont fait bondir Benjamin Haddad, ministre chargé de l'Europe et Aurore Bergé, ministre de la Lutte contre les discriminations. Les deux membres du gouvernement français ont condamné "avec fermeté", mercredi 30 juillet, les propos du ministre des Transports espagnol "assimilant des enfants français de confession juive à des citoyens israéliens, comme si cela justifiait d'une quelconque manière le traitement auquel ils ont été exposés".

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