Témoignage "L'énervement m'amène à vouloir me mobiliser" : Ludo, 24 ans et au chômage, participe au mouvement du 10 septembre

Né sur les réseaux sociaux au cours de l'été, l'appel à bloquer le pays est protéiforme. Portrait d'un jeune homme marseillais qui entend y participer.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Venus d'horizons divers, les appels à "tout bloquer" en France le 10 septembre 2025 se multiplient sur les réseaux sociaux. (BERTRAND GUAY / AFP)
Venus d'horizons divers, les appels à "tout bloquer" en France le 10 septembre 2025 se multiplient sur les réseaux sociaux. (BERTRAND GUAY / AFP)

Qui sont les Français qui se mobilisent pour le 10 septembre ? Bien que le mouvement soit difficilement quantifiable, ils sont nombreux, dans toute la France, à s'organiser en vue de l'appel à bloquer le pays, mercredi 10 septembre. Pour la plupart, ils se revendiquent sans syndicats, ni parti politique, sans porte-paroles non plus, ni représentants. Franceinfo a rencontré Ludo*, Marseillais âgé de 24 ans, motivé pour participer à la mobilisation du 10 septembre.

Sur son téléphone, de nombreux messages affluent dans les groupes d'organisation du 10 septembre. "On parle des actions possibles, on parle des revendications, décrit-il. On a des messages de force : 'Soyons solidaires, courageux, résilients. Soyons fiers de nous !' Voilà, avec le poing levé, c'est là qu'on se rend compte qu'on a tous les mêmes intérêts, en fait." Le jeune homme, monteur vidéo, est au chômage depuis un an. Il n'arrive pas à retrouver de travail malgré son diplôme et ses six années d'études : "Je persiste, de plus en plus, je perds espoir, donc je vais devoir trouver autre chose. Un taf plus alimentaire."

"À quel moment ce sont les citoyens qui sont responsables ?"

Son engagement est récent. Jusqu'à la fin du lycée, il ne se préoccupait pas vraiment de politique. "Un jour, j'ai commencé à m'y intéresser. Quand on s'intéresse, je ne vois pas comment on ne peut pas être énervé et c'est cet énervement qui m'amène à vouloir me mobiliser pour le 10 septembre", explique Ludo. Une colère, qu'il sent monter autour de lui : "C'est juste le peuple qui décide de crier un bon coup : 'On n'en veut plus, on en a marre et on en a gros.'"

Il énumère : "On a une classe populaire qui s'appauvrit de plus en plus, qui a de plus en plus de mal. L'assurance chômage, ils veulent encore la baisser. Les retraites ont baissé. À côté de ça, les prix montent. Et on voit aussi que les grandes richesses, les grands patrons, leur richesse ne fait qu'augmenter."

"On se demande comment on peut être gouverné par des gens qui ont tant d'argent et qui nous ressemblent si peu."

Ludo, 24 ans

à franceinfo

Selon Ludo, un fossé s'est creusé entre le peuple et les élites. Le budget défendu par François Bayrou et les efforts supplémentaires demandés représentent la goutte d'eau qui fait déborder le vase. "On nous dit que la dette est en train d'augmenter et qu'il va falloir se serrer la ceinture. Mais quel mépris en fait. À quel moment ce sont les citoyens qui sont responsables ?", s'insurge-t-il.

Ce qui compte désormais pour Ludo, c’est de recréer du lien et, surtout, de faire entendre la colère du pays. "Les manifestations tranquilles, calmes, randonnées du dimanche, ce ne sont pas les actions que je souhaite voir pendant le mouvement du 10 septembre. En fait, j'ai l'impression que le 10 septembre a envie de rompre avec le mouvement des gilets jaunes qui s'est basé presque uniquement sur le blocage. On s'est mis les citoyens à dos. Il y aura tout un tas d'actions. Le boycott, retirer l'argent des banques, se positionner devant la préfecture, des sit-in, des chants, des trucs, des machins..." Le programme est encore en cours de construction, en ligne et dans la rue. Ludo sera, lui, mobilisé dès mercredi et, il l'espère, au-delà.

*prénom modifié

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