"C'est un espoir" : un traitement par électrostimulation testé sur les patients dépressifs

Cette technique de soins innovante par stimulation électrique du nerf vague fait l'objet d'un essai clinique dans plusieurs hôpitaux français sur des patients chez qui les médicaments sont inefficaces. Cette technique est déjà utilisée dans certains pays étrangers.

Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
L'entrée du CHU de Nantes. (CELINE LOIZEAU / RADIO FRANCE)
L'entrée du CHU de Nantes. (CELINE LOIZEAU / RADIO FRANCE)

Au troisième étage de l'Hôtel-Dieu, Lise, 41 ans, connaît bien l'équipe médicale du service psychiatrie du CHU de Nantes. Cette ancienne professeure de mathématiques se bat depuis huit ans contre une dépression résistante car chez elle, comme chez 10 à 15% des patients, les médicaments sont inefficaces. "Ça veut dire que dès que vous vous réveillez, vous vous dites : 'Il va falloir que je tire une journée. Je n'ai pas envie de me lever, préparer à manger, aller faire des courses, m'habiller.' Toutes les petites choses qui paraissent insignifiantes deviennent insurmontables", raconte Lise.

Mais elle garde l'espoir d'aller bientôt mieux. Elle montre deux cicatrices sur le haut de sa poitrine : dans le cadre d'un essai clinique, elle porte depuis peu sous la peau un petit boîtier qui stimule son système nerveux. "Ce boîtier envoie des stimulations électriques toutes les cinq minutes pendant 30 secondes, indique la patiente. Parfois, si je suis concentrée ou que je ne fais rien de spécial, je vais le ressentir. Mais sinon, je ne ressens rien du tout. C'est un espoir, et ça, c'est important parce que ça permet de tenir."

"Une amélioration vraiment nette dans plus de 50% des cas"

Cet essai clinique est supervisé par le professeur Anne Sauvaget, psychiatre au CHU de Nantes. L'objectif, précise-t-elle, c'est de stimuler le nerf vague. "Quand ce nerf dysfonctionne, il est associé à des troubles, notamment des troubles psychiatriques, comme les dépressions résistantes, explique la psychiatre. Intervenir dessus, ça va permettre d'agir sur ces dysfonctionnements. On peut attendre une amélioration vraiment nette dans plus de 50% des cas. Donc on est là pour garder l'espoir."

Quatre mois après l'opération, l'humeur de Lise n'a pas encore évolué, mais c'est normal, précise le professeur Sauvaget. Après vingt ans d'utilisation de cette technique aux États-Unis et au Canada, l'expérience montre que les effets apparaissent souvent au bout de six mois. "L'important, c'est d'essayer d'être patient puisqu'on sait qu'il faut plusieurs mois. De toute façon, on continue d'utiliser tous les autres outils thérapeutiques à notre disposition pour pouvoir s'adapter aux besoins de chacun", explique la psychiatre.

Cet essai clinique, coordonné par les Hôpitaux de Paris, se déroule dans plusieurs CHU français et le recrutement d'une centaine de patients volontaires se poursuit actuellement partout en France.

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