Grippe aviaire : qu'est-ce que la souche H7N9, transmissible à l'homme, qui vient de réapparaître aux Etats-Unis ?

La dernière détection de ce sous-type dans le pays datait d'août 2017, quatre ans après son apparition en Chine, dans la région de Shanghai.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Dans un élevage de Petaluma (Californie, Etats-Unis), le 18 février 2025. (JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)
Dans un élevage de Petaluma (Californie, Etats-Unis), le 18 février 2025. (JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Cette découverte complique une situation déjà tendue pour les autorités sanitaires américaines. L'Organisation mondiale de la santé animale a confirmé, lundi 17 mars, des cas de grippe aviaire de type H7N9 dans un élevage de poulets du Mississippi. Un coup dur car il s'agit, historiquement, d'une des principales souches à l'origine des contaminations humaines, au moment où les Etats-Unis font déjà face à une montée en puissance de l'épidémie de H5N1. Plus de 47 600 poulets ont été abattus sur le site concerné et le ministère de l'Agriculture américain mène une "enquête épidémiologique approfondie et une surveillance renforcée en réponse à cette détection", inédite aux Etats-Unis depuis août 2017.

Elle a été détectée pour la première fois en 2013, en Chine

C'est dans la région de Shanghai qu'est apparu, au printemps 2013, le sous-type H7N9. Selon l'Institut Pasteur, il fait partie du trio responsable de la "grande majorité" des cas d'infection humaine par des virus influenza A aviaires : H7N9, H5Nx et H9N2. Ces cas sont majoritairement "survenus en Chine ou chez des voyageurs au retour de Chine", relève l'Institut national de santé publique du Québec.

La dernière détection du virus H7N9 aux Etats-Unis remonte à 2017, avec une découverte de premiers cas dans le Tennessee puis dans les Etats voisins de l'Alabama, du Kentucky et de Georgie. Cette année-là, ce sous-type avait également sévi dans des pays asiatiques, plus particulièrement la Chine, rapportait l'Organisation mondiale de la santé. Il n'a, à ce jour, pas été détecté en France.

Elle affiche un taux de létalité de 36% chez l'humain, inférieur à celui de H5N1

Chez les oiseaux, la souche H7N9 ne provoque pas, ou peu, de symptômes. Mais chez l'humain, elle peut engendrer de graves problèmes respiratoires. Ils sont souvent accompagnées de toux, de fièvre, de courbatures. Entre 2013 et 2021, le virus H7N9 a infecté 1 668 personnes et fait 616 morts, soit un taux de létalité de 36%, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). A titre de comparaison, le virus H5N1, lui, a un taux de létalité supérieur à 50%. "La gravité de la maladie dépend du virus à l'origine de l'infection et des caractéristiques de la personne infectée, a rappelé en juin 2024 la Haute Autorité de santé (HAS). Le nombre d'hospitalisations peut être élevé chez les patients immunodéprimés ou en cas d'infection par des virus plus pathogènes tels que le H7N9."

La situation est scrutée de près pour les virus H7 car ils ont la capacité de passer plus facilement la barrière des espèces que les virus H5, et donc de se retrouver chez l'humain, a rappelé sur franceinfo Gilles Salvat, directeur général délégué du pôle recherche et référence de l'Agence française de sécurité sanitaire. "Ce sont des virus qu'on surveille systématiquement dans les troupeaux de volailles, de la même façon qu'on surveille les virus H5 pour s'assurer qu'ils ne deviennent pas hautement pathogènes et s'assurer qu'il n'y a pas de passage à l'homme", a-t-il expliqué, interrogé sur le suivi de l'influenza aviaire en France.

Elle doit être prise au sérieux, comme nombre de virus aviaires

La HAS estime que "la transmission interhumaine de virus influenza aviaire reste rare". L'autorité sanitaire écrit qu'une diffusion entre humains "a été signalée à la suite d'une infection par les virus H5N1 et H7N9 chez quelques groupes familiaux et travailleurs de la santé dans plusieurs pays asiatiques".

La prudence reste toutefois de mise, car les épisodes de virus aviaires se multiplient. Fin janvier, c'est une autre souche, H5N9, qui a été détectée pour la première fois aux Etats-Unis. "Il y a de fortes chances que, tôt ou tard, on ait une nouvelle pandémie causée par ces virus", a expliqué à franceinfo, en octobre, Pierre Bessière, chercheur à l'école vétérinaire de Toulouse, comme d'autres avant lui. Une telle pandémie ne serait d'ailleurs pas inédite : la maladie appelée "grippe espagnole", qui avait fait des dizaines de millions de morts au début du XXe siècle, était d'origine aviaire, et en réalité originaire du Kansas, dans le centre des Etats-Unis.

Pour éviter un tel scénario catastrophe, des solutions existent : maintenir la surveillance, limiter la pression sur les milieux naturels, abattre les animaux malades ou encore développer la vaccination. L'agence de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture, elle, a appelé ses 194 pays membres à "une réponse mondiale coordonnée". Un suivi international qui pourrait être compliqué par le retrait des Etats-Unis de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), décidé par Donald Trump lors de son retour à la Maison Blanche.

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