Check-lists incomplètes à l'hôpital : "Il faut que les pratiques évoluent", admet le directeur de l'AP-HP, "mais ça ne signifie pas qu'il y a une mise en danger pour les patients"

D'après une enquête de la Cellule investigation de Radio France, ces listes, censées sécuriser les patients au bloc opératoire, restent mal appliquées.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Nicolas Revel devant l'hôtel Matignon, à Paris, le 3 juillet 2020.  (LUDOVIC MARIN / AFP)
Nicolas Revel devant l'hôtel Matignon, à Paris, le 3 juillet 2020.  (LUDOVIC MARIN / AFP)

"Il faut que les pratiques évoluent" concernant la non-exhaustivité des check-lists à l'hôpital, admet vendredi 19 septembre sur franceinfo Nicolas Revel, directeur général de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), après les révélations de la Cellule investigation de Radio France. "Mais ça ne signifie pas qu'il y a une mise en danger ou une pratique dangereuse pour les patients", relativise-t-il.

Un patient sur trois ne bénéficie pas d'une "check-list" complète avant son opération en Île-de-France, révèle ce vendredi la Cellule investigation de Radio France, qui a pu consulter un document interne de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), tout comme le Canard Enchaîné. Les check-lists sont des listes de vérifications à suivre, qui sont censées éviter 30 à 50 % de complications et d'erreurs médicales en croisant toutes les informations essentielles avant et après une intervention chirurgicale.

Selon le document de l'AP-HP, sur 194 000 interventions l'an dernier en Île-de-France, 58 200 patients ne sont pas sûrs d'avoir bénéficié d'une sécurité complète du début jusqu'à la fin de l'opération. Dans 2 000 cas, il n'y a même pas de trace de cette liste de vérification.

"Un point de sécurité important"

Cependant, sur "200 000 interventions chirurgicales chaque année, seulement 60 opérations donnent lieu à une déclaration d'événement indésirable", insiste Nicolas Revel qui rappelle que c'est l'AP-HP qui est à l'origine de cette étude pour "améliorer la pratique et la traçabilité au bloc". S'il manque un ou deux points sur les check-lists, "ça n'induit pas nécessairement que les points de vérifications n'ont pas été faits par les chirurgiens ou que les conditions de réalisation de ces opérations n'ont pas respecté les conditions de sécurité", souligne le directeur.

"Les professionnels qui opèrent des patients, à Paris comme ailleurs, sont des professionnels extrêmement sérieux et engagés."

Nicolas Revel, directeur général de l'AP-HP

à franceinfo

Pour autant, il reconnaît que "c'est un point de sécurité important" et "qu'il faut le corriger". Les professionnels de santé sont aujourd'hui "amenés à tracer beaucoup plus les choses et à les enregistrer davantage" et "il faut que les pratiques évoluent". La "check-list est obligatoire et exhaustive", souligne-t-il.

Après cette étude, la direction va "non seulement rappeler les choses, et quelque part, le fait que ça soit public aujourd'hui va sûrement y aider", glisse le directeur, mais également "vérifier et suivre dans la durée, bloc par bloc, que les pratiques s'améliorent". Il souligne par ailleurs que "la check-list fait partie du dossier médical et tout patient a le droit de pouvoir consulter son dossier".

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