Les banques françaises continuent de financer l'industrie du tabac avec près 2,8 milliards de dollars d'investissement, dénonce l'Alliance contre le tabac
D'après un rapport de l’organisme d’investigation Profundo, les acteurs bancaires continuent d'investir massivement chez les cigarettiers malgré l'adoption d'une charte il y a sept ans, révèle France Inter.
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Les banques françaises continuent de financer l'industrie du tabac. C'est la conclusion d'un rapport de l'organisme d'investigation Profundo, commandé par l'Alliance contre le tabac (ACT) et que France Inter révèle en exclusivité jeudi 2 octobre. Il y a un an et demi, France Inter révélait déjà que les plus grandes banques françaises accordaient des crédits aux géants du tabac et effectuaient des investissements auprès de ces compagnies. Aujourd'hui, elles ont arrêté d'accorder des crédits, mais ont multiplié les investissements, alors même qu'elles avaient promis d'arrêter dès 2018.
Une charte avait été adoptée il y a sept ans par des grands groupes du monde entier pour stopper toute collaboration et tout financement avec les géants du tabac. Dans la liste des signataires, on retrouve les plus grandes banques françaises, le Crédit Agricole, la Société Générale, BNP Paribas ou encore le groupe BPCE. Pourtant, sept ans après avoir signé cette charte, ces acteurs bancaires continuent d'investir massivement chez les cigarettiers.
Entre novembre 2023 et mai 2025, 2,8 milliards de dollars ont été investis par ces quatre banques chez Philip Morris International, qui produit les cigarettes Marlboro, British American Tobacco, qui détient la marque Lucky Strike, ou encore chez Imperial Brands, pour les cigarettes Davidoff. Ces investissements ont été multipliés par quatre en moins de deux ans et ce, malgré les promesses des banques françaises.
Les banques assurent s'être désengagées du secteur
Au cours des derniers mois, "les institutions financières françaises ont donc largement augmenté leurs investissements dans l'industrie du tabac", dénonce l'ACT. Ainsi on trouve, en tête, le Crédit Agricole, qui "possède à présent plus d'un milliard de dollars d'actifs, principalement en actions", soit une augmentation de "587% depuis novembre 2023". En deuxième position, la "BNP Paribas a multiplié ses prises de participation par six en un an et demi pour un montant atteignant 597 millions de dollars en 2025". Quant à la Société Générale, elle "détient désormais 437 millions de dollars d'actions de cigarettiers, alors qu'elle n'en possédait quasiment pas en novembre 2023". Enfin, le Groupe BPCE "détient aujourd'hui 430 millions de dollars de titres majoritairement en actions", en augmentation de "41% depuis novembre 2023".
Face à ces révélations, les banques réfutent ces arguments et assurent s'être désengagées du secteur du tabac. Elles expliquent que ces investissements correspondent à des transactions de leurs clients sur des produits boursiers. À l'intérieur de ces placements financiers, il y a encore des entreprises du tabac. Pour Marion Cattelin, directrice de l'Alliance contre le tabac, c'est un argument irrecevable : "Des acteurs financiers comme la Société Générale, le Crédit Agricole ou BNP Paribas mentent à leurs clients sur le désengagement réel qu'ils peuvent avoir vis-à-vis de l'industrie du tabac. Et c'est absolument alertant quand on sait - si je reprends les propos du directeur général de l'OMS - que chaque dollar investi dans l'industrie du tabac est un investissement dans la mort et la maladie", fustige-t-elle
L'Alliance contre le tabac demande donc aux instances de régulation des marchés financiers de se saisir de ce dossier pour prononcer des sanctions contre les banques afin qu'elles respectent enfin leurs engagements. "Si la hausse de l'appréciation des cours des actions des cigarettiers peut en partie justifier ce phénomène, c'est avant tout l'achat de nouvelles actions par les institutions financières qui explique une telle hausse", pointe l'Alliance contre le tabac. En mettant "sur le marché de nouveaux produits présentés comme étant prétendument 'à risques réduits', les cigarettiers ont réussi à retrouver grâce aux yeux des marchés financiers", ajoute la fédération d'associations.
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