Drogues : la consommation chez les jeunes de 16 ans en baisse en France, désormais en dessous de la moyenne européenne

Réalisée tous les quatre ans, l'enquête ESPAD vise à suivre les comportements à risque des adolescents de 16 ans en Europe.

Article rédigé par franceinfo
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L'initiation au cannabis a été divisée par trois en dix ans. (RAUL ARBOLEDA / AFP)
L'initiation au cannabis a été divisée par trois en dix ans. (RAUL ARBOLEDA / AFP)

La consommation de drogues (cigarettes, alcool, cannabis) en France chez les jeunes de 16 ans est en baisse, selon une enquête réalisée par ESPAD et relayée par l'OFDT (Observatoire français des drogues et des tendances addictives), consultée, jeudi 11 septembre, par France Inter. Les résultats montrent que la France se situe désormais en dessous de la moyenne européenne pour l'ensemble des indicateurs d'usage, enregistrant une baisse des consommations de drogues parmi les plus marquées du continent au cours de la dernière décennie (entre 2015 et 2024).

Réalisée tous les quatre ans, l'enquête ESPAD (European School Survey Projetc on Alcohol and other Drugs) vise à suivre les comportements à risque des adolescents de 16 ans en Europe et plus particulièrement leurs usages de substances psychoactives. L'édition 2024 s'est déroulée entre avril et juin auprès d'un échantillon représentatif de 113 882 jeunes âgés de 16 ans interrogés dans 37 pays, dont 3 376 en France.

Cette nouvelle photographie des comportements d'usage de drogues chez les adolescents de 16 ans en Europe met en évidence une réduction significative de la consommation de substances légales et illégales dans de nombreux pays européens, tendance particulièrement marquée en France.

L'initiation au cannabis divisée par trois en dix ans

Alors que la France a longtemps compté parmi les pays les plus consommateurs de cannabis, en 2024, l'expérimentation de ce produit à l'adolescence connaît une forte baisse : l'initiation au cannabis a été divisée par trois en dix ans, passant de 31% des jeunes de 16 ans en 2015 à 8,4% en 2024. Cette tendance à la baisse en France apparaît d'autant plus significative qu'elle contraste avec la stabilité observée dans de nombreux pays européens. L'usage de cannabis au cours du mois suit la même tendance, passant de 17% à 4,3% durant cette période – son niveau le plus bas depuis vingt-cinq ans. La France compte désormais parmi les pays où les jeunes de 16 ans consomment le moins de cannabis.

Concernant le tabac, l'initiation a fortement reculé en France, plus rapidement que dans la plupart des pays européens, d'après l'étude. En 2024, un cinquième des jeunes Français de 16 ans a déjà expérimenté le tabac (20%), un des niveaux les plus faibles d'Europe. En dix ans, la part des adolescents de 16 ans fumant tous les jours des cigarettes a été divisée par cinq, passant d'environ 16% en 2015 à 3,1% en 2024, ce qui place la France parmi les pays européens comptant le moins de fumeurs quotidiens à l'adolescence, aux côtés d'une dizaine de pays, principalement nordiques, où la prévalence est inférieure à 5%.

À 16 ans, sept jeunes Français sur dix (68%) ont expérimenté l'alcool, alors que dans deux tiers des pays participants, la moyenne dépasse 70 %. Bien que ces niveaux d'expérimentation soient élevés, la France figure dans le tiers des pays européens affichant la plus faible consommation de boissons alcoolisées.

"Moins d'opportunités de consommer"

Concernant les substances illicites autres que le cannabis, en 2024, 3,9% des Français de 16 ans déclarent en avoir expérimenté au moins une, un niveau inférieur à la moyenne européenne (5%). Parmi ces drogues illicites, la cocaïne demeure la substance la plus expérimentée à 16 ans (1,7%), devant les amphétamines (1,3%), le crack (1,2%) et l'ecstasy/MDMA (1,1%). Sur dix ans, la proportion de jeunes ayant expérimenté au moins une drogue illicite autre que le cannabis a nettement reculé, passant de 7,5% en 2015 à 3,8% en 2024.

Plusieurs facteurs combinés expliquent ce recul. Ivana Obradovic, directrice adjointe de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives, parle d'un changement des sociabilités : "Moins de sorties dans les nouvelles générations d'adolescents, moins d'opportunité de consommer, parce que c'est souvent au moment des sorties dans les bars et en soirées qu'on consomme de l'alcool ou du cannabis".

Autre facteur, le fait que les jeunes sont davantage tournés vers les réseaux sociaux et donc là encore sortent moins. Il y a aussi des changements des représentations sociales : le tabac est par exemple perçu chez les jeunes comme un produit chimique et nocif. Enfin dernière explication, un comportement plus vertueux des parents qui ont tendance à moins boire et moins fumer devant leurs enfants.

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