Lait infantile contaminé : ce qui est reproché à Lactalis
Le groupe français est au cœur de la tourmente depuis la découverte d'une contamination à la salmonelle. Franceinfo revient sur les principaux reproches adressés au groupe, qualifié de "défaillant" par le ministre de l'Economie.
Le scandale Lactalis n'en finit pas. Deux mois après la découverte de lots de lait infantile potentiellement contaminés à la salmonelle, Lactalis est toujours au cœur de la tourmente. Voici ce que les autorités et les associations de consommateurs reprochent à l'entreprise, qualifiée de "défaillante", selon les mots du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.
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Un contrôle sanitaire déficient
L'affaire du lait contaminé commence à l'usine Lactalis de Craon (Mayenne). C'est dans ce bâtiment qu'est découverte une bactérie potentiellement dangereuse, la salmonelle. Celle-ci est détectée sur les carrelages et du matériel de nettoyage dès le mois d'août 2017 par l'organisme Lactalis Nutrition Santé, lors d’autocontrôles. En novembre, ces analyses sont confirmées. Mais les autorités affirment ne pas avoir été mises au courant. "[Lactalis n'a] pas pris les décisions qui s'imposent, pour des raisons sans doute économiques, cela va de soi", tonne Jean-Yves Mano, président de l'association de consommateurs CLCV, sur franceinfo.
Comment peut-on expliquer que Lactalis a su et n'a rien fait depuis août ? Et l'Etat ?
Quentin Guillemain, président de l'Association des familles victimes du lait contaminé aux salmonellesà l'AFP
De son côté, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, jeudi 11 janvier, a rappelé que "[l'entreprise] est la seule responsable de la qualité et de la sécurité des produits mis sur le marché". Face à cette situation, l'association de consommateurs UFC-Que Choisir a porté plainte contre Lactalis pour "tromperie (...) afin que toute la lumière soit faite sur les circonstances entourant la contamination de laits infantiles à la salmonelle et l'absence de détection de cette contamination".
La réponse de Lactalis. "Les deux seules analyses positives, l'une en août et l'autre en novembre, de traces de salmonelle ont été révélées uniquement dans l'environnement et non dans les produits, assure pour sa part Lactalis. Cela a donné lieu comme il se doit à l'application d'un programme de nettoyage adapté et à des contrôles renforcés sur les lots fabriqués à ces dates, contrôles qui se sont tous révélés négatifs. Toutes ces analyses ont été transmises aux autorités compétentes dès le début."
Une procédure de retrait-rappel insuffisante
Le 2 décembre 2017, une fois le risque de contamination confirmé par l'agence Santé publique France, Lactalis enclenche une première procédure de rappel et de retrait de 12 lots. Insuffisant pour "maîtriser le risque de contamination" à la salmonelle, estime Bercy.
Après de nouvelles investigations, les autorités lancent un ultimatum à l'entreprise. "Le 8 décembre, je leur ai laissé jusqu'à 22 heures pour retirer tous les lots produits par la tour de séchage numéro 1", explique Bruno Le Maire. Faute de réponse suffisante, le ministre de l'Economie signe lui-même un arrêté prévoyant la suspension de la commercialisation des laits infantiles et le rappel de 600 lots, soit 11 000 tonnes. "L'Etat s'est donc substitué, le 9 décembre, à une entreprise défaillante", ajoute, sèchement, Bruno Le Maire.
Mais là encore, la procédure de retrait n'est pas complète. Quelques jours plus tard, "Lactalis nous a annoncé avoir identifié cinq lots qui auraient dû être couverts par mon arrêté et dont les références n'avaient pas été transmises à la DGCCRF", complète Bruno Le Maire. Le 21 décembre, l'entreprise annonce finalement la généralisation du retrait et du rappel à l'ensemble des produits fabriqués ou conditionnés sur la partie du site Lactalis nutrition santé depuis le 15 février 2017.
La réponse de Lactalis. Le son de cloche est très différent du côté de l'entreprise. Selon elle, les différentes vagues de retraits n'étaient dues qu'à de nouveaux résultats d'analyses. "Nous avons parfaitement travaillé avec les autorités, a affirmé Michel Nalet, porte-parole de Lactalis, jeudi 11 janvier. Il n'y avait aucune discorde qui a pu apparaître dans notre discussion. Nous étions d'accord sur le rappel."
Une communication quasi inexistante
Alors que le scandale bat son plein et que certains consommateurs s'inquiètent, le géant de l'agroalimentaire Lactalis est resté quasi silencieux. "Je pense qu'il y a une culture de l'opacité [au sein de la société], accuse Laurent Pinatel, porte-parole national de la Confédération paysanne, sur franceinfo. C'est l'une des rares entreprises françaises à ne pas respecter la loi sur la publication de ses comptes, elle préfère payer l'amende."
Le PDG du groupe, Emmanuel Besnier, n'a accordé aucune interview à la presse sur ce sujet. "L'ancien ministre de l'Agriculture, Stéphane le Foll, disait même qu'il n'avait pas son numéro de téléphone !" rapportait le communicant Jean-Michel Boissière à France Bleu Mayenne. L'entreprise avait aussi attaqué France 2 en justice après la diffusion d'un reportage "d'Envoyé spécial", mais a été déboutée.
Cette stratégie lui est aujourd'hui largement reprochée. "En cultivant cette culture du secret, Lactalis alimente les critiques, nourrit les accusations d'opacité", note Jean-Michel Boissière.
La réponse de Lactalis. "A partir du 1er décembre, nous avons accompagné tous les parents qui pouvaient être inquiétés par cette situation, a affirmé Michel Nalet, porte-parole de Lactalis, jeudi 11 janvier. Nous avons eu plus de 58 000 appels de parents sur le numéro vert."
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