La hausse du prix du chocolat dissuade : "Les gens cherchent à faire des économies sur tout", analyse Jean Viard

Alors que le chocolat est présent sur les tables et dans les jardins pour Pâques, le sociologue Jean Viard se penche sur la consommation de ces produits symboliques, qui sont aussi touchés par l'inflation.

Article rédigé par Benjamin Recouvreur - Jean Viard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Selon une étude de l'UFC Que Choisir, les chocolats de pâques ont augmenté de 14% sur un an. (GREGORY YETCHMENIZA / MAXPPP)
Selon une étude de l'UFC Que Choisir, les chocolats de pâques ont augmenté de 14% sur un an. (GREGORY YETCHMENIZA / MAXPPP)

C'est l'un des moments où les Français consomment le plus de chocolat : environ 20% de la consommation annuelle est enregistrée à Pâques. Pourtant, cette année, certains s'en privent face à l'augmentation des prix, de 14% en moyenne sur un an. 

franceinfo : L'inflation touche désormais aussi ce genre de consommation très rituelle ? 

Jean Viard : Oui, mais c'est le cacao qui a augmenté, en réalité de 120 %. Le cacao ne pousse que dans des territoires très particuliers qui sont des territoires chauds, qui sont très attaqués par le changement climatique. Il y a un lien direct entre réchauffement climatique et crise du cacao qui induit la crise du chocolat. Après, il faut dire que chaque famille française consomme 24 € de chocolat par an. Donc en gros, le coût moyen de l'augmentation c'est 3,60 € par famille sur le chocolat. Ce n'est pas non plus 500 €, mais cela existe et donne le sentiment que les prix ont augmenté. Et on sait très bien qu'une grosse partie des chocolats sont achetés à Pâques, notamment les œufs. C'est une très très vieille tradition qui vient du Moyen Âge. Il y avait des œufs en pierres, en bois et on les peignait. Le chocolat, c'était l'œuf du riche. C'est un enjeu symbolique et ça symbolise la gourmandise, le printemps. C'est vrai que la hausse des prix a un effet et ça ne va pas s'arranger.

Est-ce nouveau que l'inflation vienne percuter ce genre de consommation ?

Oui, mais ce qui est très compliqué, c'est qu'on se fixe sur des sondages. Je dirais qu'il y a un discours de plainte sur tout ça qui est considérable. Après, c'est vrai que les gens font des économies. En ce moment, on a tous tendance à serrer un peu les boulons. On ne sait jamais ce qui va arriver, les gens se disent "on ne sait pas où on va, mettons de l'argent de côté" pour ceux qui en ont. Ça entraîne à la fois une augmentation des provisions financières et pour certains une grande difficulté à vivre, notamment au niveau alimentaire.

Est-ce que des petits artisans chocolatiers arrivent à se lancer malgré tout ? 

Il y a des petits artisans dans mon village, par exemple, un chocolatier s'est installé il y a quatre ou cinq ans maintenant, son affaire s'est améliorée. Dans le coin, il fait tous les chocolats et on va tous acheter là. C'est un peu comme avec les bières locales. Je pense que cela fait partie de la nouvelle culture de l'artisanat qu'il y a dans nos sociétés. Il y a un développement des métiers où on fait avec ses mains. C'est positif parce que c'est un artisanat riche de plaisirs, de relations sociales. Et puis d'un point de vue économique, cela structure le territoire.

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