Festival de Cannes : "Pas un reflet de la société mais un lieu d'influence" juge le sociologue Jean Viard
Tapis rouge, robes de soirée et smoking. Les stars du cinéma sont de retour sur la croisette pour la 78e édition du festival de Cannes. Au milieu des paillettes, certaines célébrités s’engagent sur des sujets politiques. Le sociologue Jean Viard évoque l’impact de ces prises de parole dans la société.
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Le festival de Cannes se poursuit ce dimanche 18 mai 2025 avec la présentation attendue du nouveau film de Wes Anderson. La 78e édition s'est ouverte cette semaine sur fond de discours engagé contre Trump et contre la guerre entre Israël et le Hamas.
franceinfo : Les prises de positon de certains acteurs ou actrices ont pu faire l'objet de critiques. Il est souvent reproché au monde du cinéma de vivre dans l'entre-soi. Est-ce que le festival de Cannes est un vrai reflet de la société ou une bulle élitiste ?
Jean Viard : Un reflet, sans doute pas vraiment, mais c'est un lieu d'influences. D'abord, c'est un lieu à la gloire du cinéma, à la gloire de la création. C'est magnifique. Il a été voulu par le ministre de l'Éducation et des Beaux-arts Jean Zay qui l'a annoncé en 1936, créé en 1939 et ouvert après-guerre. C'est un festival mondial qui montre à la fois la puissance de la création artistique et l'importance de l'art français. Aujourd'hui, il y a moins de vraies stars que durant l'après-guerre, mais les célébrités restent des gens d'influence. Quand ils soutiennent une cause, elle gagne en esthétique. Il y a eu des études américaines sur l'impact des célébrités dans les élections. Leur engagement pousse les gens à aller voter, mais ça ne les oriente pas, ça ne les fait pas changer d'avis.
Mais ces figures publiques, qu'on accuse parfois d'être déconnectées du monde, peuvent amener des débats sur la scène publique. Elles peuvent servir de vitrine.
Et elles le savent. Elles peuvent parfois être très efficaces, mais il ne faut pas en faire des gourous.
Il est aussi reproché au festival de Cannes de ne pas donner suffisamment de place aux comédies populaires. Est-ce que c'est vraiment son rôle ?
Le monde du cinéma chante le cinéma. C'est leur travail de sélectionner ce qu'ils ont envie de chanter. Ce n'est pas un métier facile. C'est un métier à risque et le fait d'affirmer leur communauté, ça leur donne une force. Alors oui, ils choisissent des films et des problématiques dont ils se sentent proches, mais il y a parfois des films qui démarrent en salles, avec le bouche-à-oreille. On l'a observé avec Un p'tit truc en plus l'an dernier. Il n'y avait pas de casting connu, les producteurs ne misaient pas sur ce sujet du handicap, mais ça a fonctionné. Il y a aussi des films que l'on va voir par solidarité, comme un geste politique. C'est le cas des films iraniens. On se rend compte ensuite qu'ils portent un message qui nous touche. Un film peut évidemment connaître le succès sans passer par Cannes. Le festival n'a pas le monopole du succès mais il a un poids important.
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