Vrai ou faux
Belgique, Inde, Indonésie... Ces pays où l'on ressuscite des hommes politiques grâce à l'IA

En cette période estivale, franceinfo s'intéresse aux pièges que l'intelligence artificielle nous tend. Grâce à la technique du deepfake, des militants donnent l'illusion du retour de personnalités politiques décédées.

Article rédigé par Valentine Joubin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
En haut à gauche, l'ancien dictateur indonésien Suharto, à droite l'ancien Premier ministre belge Jean-Luc Dehaenne, en dessous, M. Karunanidhi, ancien leader du parti indien DMK. (CAPTURE D'ECRAN / YOUTUBE)
En haut à gauche, l'ancien dictateur indonésien Suharto, à droite l'ancien Premier ministre belge Jean-Luc Dehaenne, en dessous, M. Karunanidhi, ancien leader du parti indien DMK. (CAPTURE D'ECRAN / YOUTUBE)

La résurrection numérique était jusqu'à il y a peu cantonnée à la sphère privée. Plusieurs startups ont, ces dernières années, développé des applications pour soi-disant "discuter" avec un défunt. Cela va du simple chatbot - un robot qui écrit des messages - jusqu'à l'avatar ressemblant de façon troublante au proche décédé. Mais cette résurrection virtuelle s'invite aussi désormais dans la sphère publique.

En Inde, par exemple, où les deepfakes inondent l'espace politique, les fausses interventions de politiciens et politiciennes morts sont devenues, si l'on peut dire, une mode. Diffusées par des militants, ces vidéos post-mortem sont une tentative de capitaliser sur le charisme d'une personnalité disparue.

Candidats, dictateur ou Premier ministre

En 2024, par exemple, lors des élections nationales, un candidat a publié une vidéo où l'on voyait son père, un ancien député très populaire dans le pays, vanter les mérites de son fils. Sauf que l'homme politique est mort en 2020 du Covid. Il s'agissait d'un deepfake : une vidéo créée avec une IA à partir de vraies images et de la véritable voix du politicien. Cette résurrection numérique pose notamment un problème éthique puisque l'on fait dire à un défunt des propos qu'il n'a pas forcément tenus de son vivant.

En Indonésie, lors de la dernière campagne présidentielle, une vidéo d'un homme se présentant comme l'ancien dictateur Suharto, mort en 2008, a été vue plusieurs millions de fois. Il appelait les électeurs à voter pour son parti. Il s'agissait là encore d'un deepfake.

Plus récemment, en 2023, en Belgique, un parti néerlandophone a suscité une vive polémique en diffusant une fausse vidéo de l'ancien premier ministre Jean-Luc Dehaene, mort en 2014, et sous-titrée "The beast is back" (la bête est de retour).

Reprenant les codes des spots électoraux, le montage faisait apparaître l'homme politique debout, en costume, et parlant en agitant les mains. Face aux critiques, le parti s'est défendu en arguant que la famille du défunt avait donné son accord pour la réalisation de ce deepfake.

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