Jean-Pascal Zadi emmène l'Afrique à la conquête de l'espace : "Ensemble, même si on est différent, on peut faire de grandes choses"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mercredi 25 juin 2025, le réalisateur et acteur Jean-Pascal Zadi. Son film "Le grand déplacement" sort aujourd'hui.
Jean-Pascal Zadi est un artiste multidisciplinaire, tour à tour réalisateur, acteur, producteur de cinéma ou encore rappeur dans le groupe La Cellule. C'est d'ailleurs avec la musique qu'il a démarrée, avant de déverrouiller la porte et de réaliser son premier documentaire Des Halles au Bac. La consécration est arrivée évidemment avec sa comédie Tout simplement noir et le César du meilleur espoir masculin ainsi que la série Netflix sont En place. À partir du 25 juin 2025, il est à l'affiche et à la réalisation du film Le Grand déplacement. L'histoire d'hommes et de femmes africains qui ont été sélectionnés pour leur excellence afin de réaliser la première expédition spatiale africaine. Le but est de montrer au monde entier, notamment aux Occidentaux, que l'Afrique en est capable. En personnages principaux, pas d'acteurs blancs héroïques, des situations de racisme ordinaire inversé, des a priori sur les femmes qui n'ont plus leur place aujourd'hui et un regard aussi sur les dirigeants des pays africains souvent corrompus.
franceinfo : Cette comédie n'est-elle pas là pour nous secouer, nous obliger à réfléchir davantage sur notre rapport à l'autre et notre incapacité collective à communiquer sans heurt ?
Jean-Pascal Zadi : C'est d'abord un film sur le groupe, parce que je suis convaincu que quand on est ensemble et qu'on fait les choses ensemble, même si on a des différences, même si on peut paraître un peu pas à notre place, on peut faire de grandes choses. Évidemment, le fait d'avoir choisi de faire une mission spatiale africaine, ça me permet de mettre en perspective plein de choses, la relation intra-noire, la relation que les hommes peuvent avoir avec la femme noire. J'essaye de mettre plein de thématiques dedans, mais mon vrai propos, c'est la notion de groupe et d'espoir.
Quand on aborde le racisme, c'est toujours très difficile, ça crée une tension. L'un des personnages, justement, est contre les blancs et beaucoup évoquent le racisme anti-blanc, vous pensez qu'il existe ?
Il faut faire la différence entre le racisme qui est un concept sociétal à prendre en globalité et des hostilités prépondérantes qui peuvent arriver.
"Le racisme a été organisé pour imposer une idée à la société et justifier les différences de traitement."
Jean-Pascal Zadià franceinfo
Par exemple, si vous êtes noir, arabe, ou asiatique, votre quotidien est chamboulé dans la société occidentale. Pour avoir un boulot, pour avoir un appartement, ça va être un frein, alors qu'être blanc dans la société, je ne pense pas que ce soit un frein pour avoir un appartement. Par contre, il peut rencontrer de l'hostilité et cette hostilité-là, elle est inhérente à l'être humain. Il y a un humain qui peut dire, "Ouais, toi le blanc là-bas", ou même agresser quelqu'un juste parce qu'il est blanc. Ça, c'est de l'hostilité, mais le racisme, c'est un système.
Il y a aussi un regard sur l'esclavagisme et sur le passé de fait. Le passé est lourd de conséquences, est-ce que ce n’est pas ça la difficulté de communication entre les uns et les autres ?
Je pense qu'on doit en parler en société et que ça ne doit pas être tabou. En expliquant l'histoire de l'esclavage et l'histoire de la colonisation, on donne les clés aux gens pour comprendre la société actuelle. Moi, par exemple, je suis français, né en France à Bondy, et mon grand-père, il était tirailleur. Il a débarqué en France pendant la Seconde Guerre mondiale, donc l'histoire de ma famille, elle est vraiment mêlée à l'histoire française. Quand ma mère décide de venir en France, c'est, d'une part parce qu'elle est dans un pays qui est colonisé par la France, donc elle parle le français, mais c'est aussi parce que son père a fait la guerre pour la France. Donc, pour elle, c'est logique de venir.
Le grand déplacement pourrait finalement former un diptyque avec Tout simplement noir. On part toujours d'un personnage dans lequel personne ne croit, qui doit finalement s'en sortir et accomplir une sorte de mission qui lui est confiée.
Oui, j'ai l'impression qu'en fait, Tout simplement noir ou En place, ou Le grand déplacement, c'est un peu autobiographique. C'est un peu toujours l'histoire d'un gars en qui on ne croit pas du tout et finalement, il arrive à accomplir de grandes choses. Je pense que c'est un peu l'histoire de ma vie parce que vraiment, je pars de très loin. Là, tu vois, je suis bien habillé, mais je pars de très très loin. J'espère quand même sortir de ce truc-là parce que là, ça fait quand même pas mal de films que je fais la même chose. J'ai l'impression que c'est un message hyper important parce qu'aussi, je viens d'un milieu dans lequel il y avait beaucoup de gens qui, avant même d'avoir essayé, abandonnaient déjà. C'était la routine d'abandonner, de ne pas essayer et de dire, c'est mort, on n'y arrivera jamais. Ça m'a beaucoup marqué, donc inconsciemment, j'essaie de dire aux autres, "Les gars, on peut faire des trucs".
Vous avez écrit ce film avec une femme, Hélène Bararuzunza, c'était un souhait de votre part. Certains passages consacrés au regard masculin sur les femmes font à la fois rire, mais surtout envie de faire pleurer. C'est un souhait aussi que vous avez formulé que de raconter ça ?
Pour moi, c'est vrai que la condition de la femme, c'est hyper important pour la condition de l'humanité.
"Pour que l'humanité aille bien, il faut que les meufs aillent bien aussi."
Jean-Pascal Zadià franceinfo
J'ai l'impression que la lutte des femmes ou la lutte contre le racisme sont liés. Plus tout le monde ira bien et plus la société ira mieux.
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