Greg Zlap rend hommage à son ami Johnny Hallyday dans un album : "C'est une rencontre qui marque une vie"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mardi 9 septembre 2025, l'harmoniciste Greg Zlap. Il vient de sortir un album hommage à son ami Johnny Hallyday.

Article rédigé par Elodie Suigo, Étienne Presumey
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Greg Zlap, invité de franceinfo le 9 septembre 2025. (franceinfo / RADIO FRANCE)
Greg Zlap, invité de franceinfo le 9 septembre 2025. (franceinfo / RADIO FRANCE)

Greg Zlap est l'harmoniciste français le plus réputé et sollicité, il est aussi avant tout un artiste libre qui a pour seule passion la musique. Il joue aux côtés des plus grands, Jean-Jacques Milteau, Florent Pagny, Francis Cabrel, Maxime Le Forestier, Charles Aznavour ou encore Johnny Hallyday, qu'il a accompagnés pendant plus de dix ans. Avec ce dernier, il a partagé des moments très forts et la même langue, celle du blues. Il lui rend hommage à travers un album, Toute la musique que j'aime, sorti le 22 août 2025. À l'intérieur se trouve 15 titres incontournables, revisités, accompagnés par d'autres artistes, comme MC Solaar, Thomas Dutronc, Fred Chapelier ou Norbert "Nono" Krief.

franceinfo : Que gardez-vous du taulier et de cette amitié qui a duré plus de dix ans ?

Greg Zlap : Je garde le souvenir de notre première rencontre parce qu'en fait, je ne connaissais pas Johnny avant de le rencontrer. Je connaissais son image dans les médias et c'était un monde à part. Au moment où je suis entré dans son studio, il m'a demandé, "Greg, dis-moi est-ce que tu joues sur les Marine Band ?", parce que le Marine Band, c'est un modèle d'harmonica mythique, qui a fait l'histoire du blues et donc personne ne le connaît à part les harmonicistes. Quand Johnny m'a posé cette question, j'ai compris tout de suite que nous avions la même passion et tout ce qui a suivi, ça vient de cet instant.

Ce qui est assez fort, c'est que très vite, il vous a donné une vision des capacités que vous pouviez avoir. Il vous a demandé de faire le show, d'exister et de trouver votre place au sein de cette formation.

Quand j'ai rencontré Johnny, il a posé sa main sur mon épaule, il m'a dit, "Est-ce que tu veux partir en tournée avec nous ?" J'ai dit, oui tout de suite, c'était viscéral. Je connaissais pas du tout le monde des grandes tournées et ensuite, je ne connaissais pas les morceaux de Johnny, donc en fait, à chaque fois, je découvrais les titres. Johnny quand il venait répéter, il me disait, "Tiens, tu pourrais peut-être jouer ici", notamment pour Gabrielle, je m'en souviens très bien. Je me lance dans un solo où je mets toutes mes tripes et 'à la fin, Johnny vient me voir et me dit : "Tu ne vas pas rester planté comme un piquet quand on va faire le show ?" Là, je me suis rendu compte qu'il attendait que je fasse le show. Avant le premier spectacle, pendant la générale, je me suis dit, il attend quelque chose de moi, je vais aller à fond, quitte à être ridicule, je vais tout faire. Je vais danser, je vais courir à travers la scène, je vais sauter, je vais crier, je vais chanter, puis je vais me mettre carrément par terre. Donc j'ai fait tout ça et à la fin de ce premier show, Johnny passe en revue tous les musiciens, ma gorge se noue qu'est-ce qu'il va me dire ? Et il me dit, "C'est bien, continue comme ça". J'ai compris qu'en fait, j'étais sur la bonne voie, il n'y avait rien de ridicule.

"On pouvait faire tout ce qu'on voulait aux côtés de Johnny, ce n'était jamais ridicule et donc j'étais complètement libre."

Greg Zlap

à franceinfo

Vous avez vraiment les yeux qui brillent quand vous parlez de lui. Est-ce que c'est toujours aussi dur d'accepter qu'il ne soit plus là physiquement ?

Il a fallu pas mal de temps pour faire le deuil. C'est une rencontre qui marque une vie, ce qui est génial avec la musique, c'est que ça permet de prolonger, de transmettre un sentiment, une histoire, de rebondir sur ce qui s'est passé.

Vous êtes né à Varsovie et vous êtes arrivé en France avec en poche un cadeau de votre oncle, cet harmonica. Il vous a confié dans l'oreille qu'il fallait que vous écoutiez les jazzmen américains.

Je n'étais pas fait pour la musique et quand j'ai reçu mon premier harmonica, j'ai fait comme tout le monde, j'ai appris un premier morceau et je l'ai vite laissé tomber derrière mon lit. Ça ne m'intéressait pas du tout. Mon oncle a insisté, heureusement, et il m'a dit : "Il faut que tu écoutes ce que font les bluesmen américains avec cet instrument-là". Je suis tombé sur un enregistrement et le son que j'entendais sur cet instrument que j'avais entre les mains m'a touché profondément. J'ai essayé de faire pareil et je me suis dit, ce gars, il doit tricher parce que moi, je n'y arrive pas. Je me suis mis à rechercher toutes les musiques, où il y avait de l'harmonica et à jouer.

Le 8 décembre 2025, vous serez au Casino de Paris. Est-ce que vous avez l'impression que Johnny Hallyday est toujours avec vous quand vous montez sur scène ?

Bien sûr, quand je monte sur scène, j'ai toujours l'image de Johnny, avant de monter sur scène au moment où il entrait sur scène. Il se plaçait à côté de la scène, c'était un monsieur âgé, qui était dans ses pensées, la tête baissée. Au moment de monter sur scène, il se relevait, se redressait et devenait un géant. Il montait sur scène et faisait entre deux et trois heures de show, c'était hallucinant.

"J'ai compris que la scène, c'était sacré, que le public, c'était sacré."

Greg Zlap

à franceinfo

Il n'y a pas de petites scènes, il n'y a pas de grandes scènes, c'est le moment. Il ne peut rien se passer, on ne peut pas faillir, on doit être là à 200%.

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