Mauvais temps pour les cadres, les intentions d’embauche chutent à leur plus bas niveau depuis quatre ans, selon l'Apec

Le dernier baromètre de l’Apec, l’Association pour l’emploi des cadres montre une contraction des embauches, surtout dans les grands groupes. Le marché devient plus favorable aux employeurs, accentuant l’inquiétude des salariés, dans un contexte économique et politique incertain.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Tous les secteurs sont concernés par cette baisse des intentions d'embauche chez les cadres (photo d'illustration). (SHANNON FAGAN / THE IMAGE BANK RF)
Tous les secteurs sont concernés par cette baisse des intentions d'embauche chez les cadres (photo d'illustration). (SHANNON FAGAN / THE IMAGE BANK RF)

Les intentions d’embauche sont en baisse, atteignant un niveau que l’on n’a pas vu depuis quatre ans. En cette rentrée 2025, à peine 8% des entreprises prévoient de recruter un cadre dans les semaines à venir, selon le dernier baromètre de l’Apec, l’Association pour l’emploi des cadres, publié jeudi 28 août.

La contraction des embauches est la plus marquée dans les grands groupes, avec une baisse de 13 points en un an, alors que dans les petites entreprises, les intentions restent stables. Il faut dire qu’il y a moins de marges de manœuvre. En caricaturant un peu, quand une petite structure décide d' embaucher, c’est qu’elle ne peut pas faire autrement. Elle ne recrute pas un directeur des achats ou un directeur des ressources humaines tous les matins, alors que dans une grande entreprise, il y a plus de possibilités de réduire la voilure.

Tous les secteurs sont concernés. L’industrie réduit les recrutements, mais c’est surtout à cause des tensions sur le commerce international, avec la hausse des droits de douane et les conflits au Proche-Orient. Moins exposés à la situation mondiale, la construction et le bâtiment restent en repli, essentiellement à cause de la chute des programmes neufs. Du côté des services à haute valeur ajoutée, comme le numérique ou l’informatique, la situation s’améliore légèrement, mais les embauches restent très en retrait par rapport à 2024. Une situation liée à la baisse des investissements des entreprises Celles-ci lancent moins de projets en recherche et développement et s’appuient davantage qu’auparavant sur l’intelligence artificielle. L’enquête a d’ailleurs été menée au début de l’été, dans une relative stabilité politique. L’attentisme des entreprises risque d’être encore plus marqué depuis l’annonce de François Bayrou de demander la confiance de l'Assemblée nationale. Autant dire que pour ceux qui cherchent un poste, la situation se complique, d’autant que l’on enregistre 16% d’offres d’emploi en moins par rapport à l’année dernière.

Moins facile d'imposer ses conditions

De fait, le marché redevient plus favorable aux employeurs. Les patrons reprennent la main. C’est un retournement, car il y a encore deux ou trois ans, souvenez-vous, les candidats avaient le choix et avaient tendance à imposer leurs conditions, notamment salariales. Dans ce contexte, le baromètre de l’Apec met en avant une forte inquiétude des cadres, qu’ils soient en poste ou en recherche, surtout avec la réforme de l’assurance-chômage à venir. Près de 57% d’entre eux jugent qu’il leur sera difficile de trouver un nouveau poste. Petite éclaircie, ils restent très proactifs. Ce retournement ne les empêche pas de vouloir prendre les devants pour changer de poste. Les cadres sont ainsi plus nombreux qu’il y a un an à se déclarer ouverts à toute proposition d’emploi dans une autre entreprise. C’est surtout le cas chez les moins de 55 ans.

En revanche, les seniors font le dos rond et sont peu enclins à quitter leur emploi pour un autre. Ils jouent la carte de la sécurité.

 

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