L’Assurance maladie alerte sur un déficit pouvant dépasser 40 milliards d’euros d’ici 2030

Plusieurs postes de dépenses connaissent une forte hausse, en particulier les affections de longue durée. La Sécurité sociale souhaite mettre l’accent sur la prévention en multipliant les dépistages.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L’augmentation des coûts desd épenses de santé ne tient pas qu’au vieillissement de la population. L’environnement dans lequel on évolue, ce que l’on mange joue aussi un rôle, selon l'assurance maladie. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS)
L’augmentation des coûts desd épenses de santé ne tient pas qu’au vieillissement de la population. L’environnement dans lequel on évolue, ce que l’on mange joue aussi un rôle, selon l'assurance maladie. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS)

L’Assurance maladie a présenté, mardi 24 juin, son rapport annuel pour 2026. Il met en valeur une explosion du déficit. Estimé à 16 milliards d’euros aujourd’hui, il pourrait atteindre plus de 40 milliards d’euros à l’horizon 2030 si rien n’est fait, selon les projections de l’Assurance maladie.

Plusieurs postes de dépenses augmentent très vite, notamment les affections de longue durée, qui permettent à des malades atteints de pathologies lourdes, des cancers, ou ayant fait des accidents cardiovasculaires, par exemple, d’être pris en charge à 100% par la Sécurité sociale. Aujourd’hui, près de 15 millions de personnes bénéficient de ce dispositif, soit 20 % de la population. À en croire l’Assurance maladie, plus d’un quart de la population en 2035 sera en ALD (affection longue durée), soit 18 millions de patients.

L’Assurance maladie tire la sonnette d’alarme parce qu’aujourd’hui, ce poste représente plus des deux tiers de l'ensemble des frais qu’elle rembourse. D’où la volonté de la Sécurité sociale de mettre l’accent sur la prévention en multipliant les dépistages des cancers du côlon, du sein, mais aussi d’autres pathologies, comme le diabète, l’hypertension. Elle souhaite inciter les Français à faire du sport, à arrêter de fumer. Prévenir coûte beaucoup moins cher que guérir.

Des arrêts de travail de plus en plus nombreux


L’augmentation des coûts ne tient pas qu’au vieillissement de la population. L’environnement dans lequel on évolue, ce que l’on mange, les comportements qui changent sont autant de raisons qui peuvent expliquer ce phénomène. L’Assurance maladie déplore, par exemple, que les conditions de travail, le malaise au travail, les épuisements professionnels, ou les burn-out se répercutent sur ses comptes, via des arrêts de travail de plus en plus nombreux qui lui coûtent de plus en plus cher. Chaque année, les seuls arrêts de travail représentent plus d’un milliard d’euros de dépenses en plus. D’où la volonté de la Sécurité sociale d’intensifier les contrôles, auprès des salariés qui tricheraient, mais aussi des médecins qui se montrent un peu trop souples sur les arrêts.

Une des pistes, pour alléger la facture, reste de limiter la durée des arrêts, sans dépasser un mois lors d’une première prescription en sortie d’hôpital, puis des renouvellements par tranches de 15 jours maximum. Revoir le mode de calcul des indemnités journalières, c’est-à-dire le niveau de maintien de salaire quand on est en arrêt, représente une autre piste possible.

Ces mesures sont impopulaires. Nous parlons de malades, de patients, le sujet est donc sensible. Pour les taxis et les remboursements de transport sanitaire que la Sécurité sociale entend mieux réguler, le bras de fer n’est, par exemple, pas terminé. Les taxis menacent de nouveaux blocages. Il y a deux ans, le gouvernement avait suscité une bronca en évoquant l’idée de restreindre les maladies, qui peuvent ouvrir une prise en charge à 100% en ALD.  Tous ces sujets ne manqueront pas de revenir sur la table très vite, à l’occasion du débat budgétaire à la mi-juillet. Rien que pour 2026, l’Assurance maladie envisage de faire quatre milliards d’euros d’économies.

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