Dans les milieux d’affaires, le Rassemblement national se normalise

Jordan Bardella a adressé une lettre aux chefs d’entreprise pour expliquer que le RN ne voterait pas la confiance à François Bayrou, tout en leur promettant 100 milliards d’euros d’économies et des baisses massives d’impôts. Ce discours ne laisse pas insensible les entrepreneurs.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Jordan Bardella, président du RN, lors de l'université du Medef, la Ref, au stade Roland-Garros le 28 août 2025. (PH LAVIEILLE / MAXPPP)
Jordan Bardella, président du RN, lors de l'université du Medef, la Ref, au stade Roland-Garros le 28 août 2025. (PH LAVIEILLE / MAXPPP)

Le courrier envoyé par le président du RN, Jordan Bardella aux chefs d’entreprise, mercredi 3 septembre, ne manque pas de faire réagir les principaux intéressés. Dans cette lettre de deux Jordan Bardella explique pourquoi son parti n’assurera pas la confiance à François Bayrou lundi 8 septembre.  "Nul gouvernement ne saurait convaincre lorsqu’il a creusé la dette publique et aggravé le déficit commercial dans des proportions inégalées depuis plus d’un demi-siècle", écrit-il. Au passage, le RN se dédouane de toute responsabilité, en assurant : "Nous savons combien l’incertitude politique fragilise la vie économique, mais cette instabilité ne procède pas de notre action." Mais, dans cette lettre, Jordan Bardella propose aussi aux patrons un pacte de confiance, qui s’apparente à une véritable opération séduction.

Le président du Rassemblement national leur promet plus de 100 milliards d’euros d’économies, en taillant dans ce qu’il appelle les "mauvaises dépenses publiques", en s’attaquant au millefeuille administratif, au coût exorbitant de la bureaucratie d’État, aux normes Cela ne vous étonnera pas, le RN veut aussi faire des économies sur l’immigration. C’est ainsi qu’il promet aux chefs d’entreprise des baisses d’impôts, notamment un "allègement massif des impôts de production" de l’ordre de 20%. Une fiscalité dont se plaignent depuis plusieurs années les entrepreneurs. Certes, depuis qu’il est à l’Élysée, Emmanuel Macron les a réduits, mais c’est loin d’être suffisant aux yeux d’organisations comme le Medef ou la CPME.

Séduire et rassurer les patrons

L’objectif est donc de séduire les chefs d’entreprise, petits et grands, mais aussi de les rassurer sur le thème : le RN à Matignon est une option crédible dont ils ne doivent pas avoir peur. Ce discours fait mouche chez les entrepreneurs, et c’est là où un mouvement s’opère. Ils sont nombreux, comme Geoffroy Roux de Bézieux, ancien président du Medef, à trouver que "le RN vise juste". La phrase : "On n’a jamais essayé", revient en boucle. Autre argument qui revient dans la bouche des entrepreneurs : "Le RN va remettre de l’ordre, et l’on en a bien besoin".

À quelques jours de la mobilisation du 10 septembre, qui promet de bloquer l’activité économique du pays, les chefs d'entreprise sont d’autant plus sensibles à ce discours surtout qu’ils le voient aussi comme un contre-pied à l’extrême gauche, dont le programme économique les tétanise. Pour eux, c’est la spoliation assurée. Dans les milieux d’affaires, le RN se normalise. Pour la première fois, cette année, Jordan Bardella était invité, il y a dix jours, comme les autres leaders politiques, à la REF, l’université d’été du Medef. Un événement encore impensable il y a quelques années. Il est loin, le temps où, présidente de l’organisation entre 2005 et 2013, Laurence Parisot faisait de son combat contre l’extrême droite sa priorité !

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