Les balances connectées sont-elles fiables ?

C'est un produit qui a la côté, mais tous les modèles ne se valent pas. Pour vous aider à vous y retrouver, le magazine "60 millions de consommateurs" a testé différents modèles.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
"60 millions de consommateurs" a testé des balances connectées. Photo d'illustration. (JEAN-FRANCOIS FREY / MAXPPP)
"60 millions de consommateurs" a testé des balances connectées. Photo d'illustration. (JEAN-FRANCOIS FREY / MAXPPP)

Après les agapes des fêtes de fin d’année, le magazine 60 millions de consommateurs s'est intéressé, fin janvier, aux balances connectées. Depuis deux, trois ans les ventes explosent et les prix baissent, mais, pour autant, sont-elles fiables ? Le magazine a testé sept modèles différents, Adrian De san Isidoro du magazine 60 millions de consommateurs détaille les enseignements de cette étude.

franceinfo : Vous avez testé sept balances connectées, qu'est-ce que ça donne ? 

Adrian De san Isidoro : Les résultats sont très contrastés, puisqu’ils s’étalent de 15/20 à moins de la moyenne. En cause : la précision des mesures, qui laisse parfois grandement à désirer. Et leur utilisation, loin d’être toujours simple.

Sont-elles aussi pratiques à utiliser qu’une bonne vielle balance traditionnelle ?

Pas vraiment. Pour une balance classique, c’est simple, on grimpe dessus et le poids s’affiche. Point barre. Pour utiliser une balance connectée, c’est plus compliqué : il faut d’abord l’appairer avec son téléphone portable et télécharger son application dédiée. Une application avec laquelle on consulte tous les résultats, qui ne sont pas toujours affichés sur l’écran de la balance.

Tous les résultats ne s’affichent pas sur la balance, et il y a des applications dédiées, mais comment fait-on quand on est plusieurs à utiliser la balance ?

Si on est plusieurs à utiliser la balance, c’est un peu fastidieux, mais il faut ajouter des utilisateurs dans l’application ou associer un nouveau compte à l’appareil. Il faut également bien penser à sélectionner son profil avant la pesée, pour ne pas transférer ses données sur l'historique de la maman ou de la petite sœur.

L’intérêt de ces balances intelligentes est qu’elles ne contrôlent pas uniquement le poids. Elles sont aussi censées calculer la masse musculaire, la masse osseuse, etc… Comment est-ce que ça fonctionne ?

Les balances testées utilisent la technologie d’impédance bioélectrique : c’est-à-dire qu’elles envoient dans le corps, via leurs électrodes, un courant indolore d’environ un milliampère. Selon la résistance rencontrée, et à l’aide d’un algorithme extrapolant les résultats, elles sont censées calculer des données diverses comme la masse graisseuse ou encore le pourcentage d’eau dans le corps.

Tout ça est très sophistiqué, mais parfois, il y a des résultats aberrants ?

Hormis le poids, plutôt bien mesuré de 100 à 300 grammes près, les autres indicateurs manquent de précision. Au critère de mesure de la masse grasse, nos sept balances sous-évaluent ainsi la proportion adipeuse des participants au test de quelques pourcentages, à plus de 18% pour notre référence la moins performante. La masse musculaire, elle, est évaluée entre 40% et près de 100% par nos balances, ce qui est totalement inhumain. Le taux de muscle atteignant en moyenne 28% chez les femmes et 35% chez les hommes. Les résultats de la masse osseuse sont aussi aberrants, puisqu’ils oscillent entre 4 et 6,5%, alors que le squelette d’un être humain représente entre 7 et 14% du poids total corporel. Un manque de précision qui est probablement causé par l’algorithme secret développé par les fabricants, qui peine à considérer toutes les morphologies pour calculer les masses en fonction de la résistance rencontrée par le courant.

Ça veut dire qu’il faut prendre tous ces résultats avec un peu de recul.

Absolument. Toutes les données affichées ne sont pas nécessairement fiables et il ne sert à rien de se peser tous les jours. D’autant que ce genre d’habitude peut favoriser une addiction aux données de santé et créer de l’anxiété, voire des troubles de l’alimentation à long-terme. Monter sur sa balance une fois par semaine suffit largement.

Est-ce qu’il y a des consignes à respecter pour optimiser les résultats ? Faut-il privilégier un moment de la journée ? Faut-il faire attention à la façon dont on se tient ?

Pour éviter les erreurs de pesée et autres biais, il ne faut pas seulement placer ses pieds nus à plat sur la balance et se tenir droit, il faut aussi, et c’est très important, toujours se peser dans des conditions identiques. Si on change ses habitudes, en passant d’une pesée au levé à une mesure après le petit-déjeuner, les résultats vont fatalement varier puisqu’on est plus lourd après un repas. Il est aussi conseillé de garder, autant que possible, un degré d’hydratation équivalent d’une pesée à l’autre pour éviter de biaiser les résultats. Le flux électrique des balances à impédancemètre passant différemment selon la masse hydrique.

Selon les marques, est-ce qu’il y a de grosses différences de prix ?

Oui. Les tarifs vont du simple au quadruple. La bonne nouvelle, c'est que ce sont les références les moins chères, Cecotec et Xiaomi, vendues 50 euros et 30 euros, qui sont sur les deux premières marches du podium. Quand les plus chères, Tanita et Withings, vendues 200 euros et 100 euros, arrivent en queue de peloton.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.