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Reportage
"Je peux suivre le cours en même temps que les autres" : des élèves atteints de maladies longue durée connectés à leur classe grâce à des robots
Le programme TED-i permet à plus de 1 000 élèves français malades de poursuivre leur scolarité depuis leur hôpital ou leur domicile grâce à des "robots de téléprésence".
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Un robot à l'école à la place d'élèves malades. Le programme TED-i est un dispositif peu connu. Il permet aux élèves et étudiants empêchés par des maladies graves et de longue durée, de suivre les cours à distance et en temps réel depuis leur domicile ou l'hôpital grâce à ces machines. Il y en a 1 140 déployées dans toute la France.
Au collège Diderot à Dainville, du côté d'Arras, depuis début janvier, un robot remplace physiquement en classe Kelsey, une élève de cinquième, et va même en récréation à sa place. Élèves et professeurs ont fini par s'habituer à la présence du robot, posté derrière une table, à la place de Kelsey ou juste devant le tableau. "Bonjour Kelsey", lance sa professeur. "Bonjour ! Je vous vois mais pour parler et écouter, c'est un peu compliqué", répond Kelsey.
"Kelsey peut lever la main grâce à l'application"
L'avatar robotisé de Kelsey s'appelle Beam, il mesure 1,35 m. Visuellement, c'est plus une tablette accrochée à un bras articulé juché sur un socle métallique à roulettes. Beam est équipé de deux caméras qui permettent de le piloter à distance, de quatre micros et d'un haut-parleur qui donnent l'impression à Kelsey d'être au milieu de ses camarades de classe : "Je vois mes camarades, je peux suivre le cours en même temps que les autres, j'entends ma prof..." L'élève répond, comme ses camarades, aux questions de son enseignante.
"Globalement, ça se passe assez bien, commente Gwendoline Jansin, professeure de français. Ce qui est super intéressant, c'est que Kelsey peut lever la main grâce à l'application donc elle est vraiment impliquée dans la classe, ça s'est très bien. Mais c'est vrai qu'il y a, parfois, quelques problèmes de connexion." L'enseignante confie qu'au début, "c'était un peu bizarre, on se sent un peu observés par le biais d'un robot, forcément on n'est pas très à l'aise, mais après on s'y fait. C'est une très grande avancée."
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Ce concentré de technologie a besoin d'un coup de pouce pour monter et descendre les escaliers. Pour ça, Kelsey peut compter sur l'aide de sa meilleure amie Lilou. Elle s'est proposée comme référente du robot au collège : "C'est important d'aider ses camarades, l'intégrer pour qu'elle se sente dans sa classe. C'est comme si elle était avec moi et que rien n'avait changé." Lilou va récupérer le robot chaque matin dans le bureau de la CPE et le ramène en fin de journée pour que la batterie se recharge la nuit.
"Si je n'avais pas le robot, mes copines, je ne leur parlerai quasi jamais"
De l'autre côté de l'écran, Kelsey partage depuis sa chambre le même enthousiasme intarissable. Pour l'adolescente qui adore l'école, les derniers mois ont été durs à vivre. Elle souffre de la maladie de Crohn, une maladie de l'intestin, et les nombreux allers-retours à l'hôpital depuis le mois de décembre l'ont éloignée du collège avant que le rectorat ne lui propose cette solution. "Par exemple, si je veux reculer, je peux reculer ou me rapprocher de ma table. Une fois, ça m'a fait rire parce que je m'étais pris une table et j'ai dit : 'Oh merde !' Alors la prof m'a dit : 'Kelsey ton langage !' Ça a fait rigoler un peu tout le monde."
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Assise au bord de son lit, elle nous montre d'un œil rieur, le matériel fourni par l'école, un ordinateur portable, un casque, une souris : "Il y a Lilou qui nous fait coucou, on va la saluer en retour. Là, par exemple, je peux chuchoter, donc c'est drôle... Si je n'avais pas le robot, mes copines, je ne leur parlerai quasi jamais."
"Même si je ne suis pas avec elles, je peux comprendre les histoires, les potins qu'on se raconte d'habitude en réel. Je peux quand même avoir une vie sociale."
Kelseyà franceinfo
Pour Kelsey, c'est presque comme avant, c'est une élève studieuse qui souhaite devenir sage-femme plus tard et aime toujours autant amuser la galerie en classe.
Dans l'académie de Lille, la demande est croissante, selon le rectorat : 202 élèves bénéficient d'un robot et du profgramme TED-i, c'est presque quatre fois plus qu'il y a deux ans. Le rectorat met en avant ce dispositif inclusif.
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Des améliorations sont nécessaires, techniques notamment, mais les retours d'expérience sont bons pour l'élève concerné et ses camarades. Mais aussi pour les enseignants qui ont été formés à l'utilisation du robot et rassurés, ajoute Delphine Chenevat, enseignante de mathématiques de Kelsey : "On nous a surtout expliqué le droit à l'image dans le sens où quand le robot est dans la classe, l'élève assiste au cours en direct, mais il n'y a pas d'enregistrement. L'écran est neutre, on ne voit pas l'élève à l'hôpital ou à son domicile."
"C'est sûr que les conditions ne sont pas idéales non plus même si ça peut aider, c'est surtout pour maintenir le lien."
Delphine Chenevat, enseignante de mathématiquesà franceinfo
Pour maintenir le lien, Kelsey conduit parfois le robot dans la cour de récréation comme les autres élèves, ce qui provoque toujours son petit effet. "La star !", commentent les élèves. "Check à Lilou, ramène ta main Lilou", interpelle Kelsey. Le dessin d'une main apparaît sur l'écran et Lilou tape dessus, avec un grand sourire.
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