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Reportage
"Il faut tout changer" : dans un restaurant routier de l'Indre, de la colère et une impatience à voter après la chute annoncée du gouvernement
Le débat autour du vote de confiance, prévu le 8 septembre, s'invite partout en France, notamment au plus grand restaurant routier de France, près de Châteauroux. Plusieurs clients partagent leurs avis, leurs craintes, et leurs souhaits alors que François Bayrou est plus que jamais sur la sellette.
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Un gouvernement démissionnaire dans huit jours, conséquence probable de la décision de François Bayrou de se soumettre à un vote de confiance de l'Assemblée avant d'avancer sur la question du budget. La situation politique est instable, illisible, et s'ajoute à une crise budgétaire inquiétante.
Qu'en pensent les Français ? Direction Châteauroux, dans le Berry. Au bord de la Nationale 20, L'Escale est le plus grand restaurant routier de France. À table à midi, on retrouve des routiers donc, mais aussi des ouvriers du coin ou de passage, conscients de la nécessité de résorber la dette, à condition que l'exemple vienne d'en haut.
"Ça va être dur pour nous"
Dans la salle, trois écrans de télévision trônent au-dessus des tables et heureusement, vu le brouhaha, le son est coupé. Mais il n'y en a pas besoin pour mettre la politique au menu. "Certains disent que la dette augmente de 5 000 euros par seconde, c'est un truc de fou", lance l'un des clients. "Ça va être dur pour nous. C'est encore les petits qui vont payer, et les riches ne vont rien donner", déplore un autre. "Les riches, il faut les laisser, c'est eux qui donnent le boulot. Si vous n'avez pas de riches, vous ne pouvez pas avoir de patrons, allons !", lance Jeannot, qui a son prénom tatoué sur la peau. C'est l'ancien : 50 ans passés sur la route, l'âge de la retraite largement dépassé, mais toujours au volant. "Je ne fais pas mon âge, ce qui m'a conservé, c'est la java et les nanas, plaisante-t-il. On n'arrête jamais, nous, on est obligés, pour pouvoir payer tous ces députés, ces bons à rien qui ne font rien."
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Au début, il ne voulait pas parler, attablé avec son copain Dominique, qui doit décharger sa cargaison de ferraille à Châteauroux. "Nous, ça nous fait peur, l'actualité", poursuit-il. La politique, "c'est la guerre", affirme Jeannot qui, finalement, a sorti le canon. "Calculez le nombre de ministres et de députés qui ramassent du pognon. Les trois-quarts dorment ou ne vont pas [travailler], et ils sont payés", déplore-t-il. "Nous, on n'est pas en train de dormir derrière notre volant, on est tous les jours en danger sur la route", surenchérit Dominique.
"Enlevez-leur le pognon, 2 000 euros comme tout le monde. L'argent, il est là, ne cherchez pas ailleurs, tapez en haut, une bonne fois pour toutes. Coupons les robinets à tous ces oiseaux, là-haut."
Jeannotà franceinfo
"Ils n'ont pas les mains sales, ils verront ce que c'est, 2 000 euros, ajoute Dominique. Ce n'est pas 5 000 ou 6 000 euros". "2 000 euros, ça leur suffit, qu'ils commencent par là ! Faites des efforts et on verra après", prône Jeannot.
Après, oui, des efforts collectifs peuvent être envisagés, ce point de vue est partagé la table d'à côté, celle de Serge et de son équipe, de passage pour installer des bornes pour voitures électriques. "Comme effort, je veux bien travailler un peu plus, concède Serge. Plus dans la journée, je pense que ça va être compliqué parce que je pense qu'on en fait déjà pas mal. Après, s'il fallait donner un an de plus à condition que nos politiques montrent l'exemple, je suis entièrement d'accord."
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"Je suis comme mon collègue, je suis prêt à travailler plus, intervient son voisin. Pourquoi on impose aux gens de passer aux 35 heures ? Il y a des gens qui voulaient peut-être travailler plus, il faut laisser le choix aux personnes. Au début de notre carrière, on ne comptait pas nos heures, on était payés, il n'y avait pas de souci. On nous a promis beaucoup de choses, 'travailler plus pour gagner plus', des trucs comme ça, mais résultats des courses, rien !"
"Nous, on est dans des petites entreprises artisanales, on n'a pas neuf semaines de congés, on a droit à cinq semaines, explique un autre collègue. On nous enlève encore des jours fériés, forcément on n'est pas d'accord".
"Il faut virer tout le monde"
Est-ce qu'une chute du gouvernement les angoisse ? "Ça nous promène, pour aller voter", lance Jeannot, qui anticipe de nouvelles élections. "On va voter, répète-t-il. De toute façon, il vaut mieux voter que de ne pas savoir où on va, personne ne sait où on va." Son collègue rétorque : "mais on ne va pas faire que ça tous les ans ou les deux ans. Non, il faut tout changer, virer tout le monde puis refaire un vote." Entendre par là, voter pour une présidentielle anticipée assortie de législatives. "Il y en a qui donnent un peu d'espoir, je ne sais pas si c'est la bonne solution, mais on n'a jamais essayé : le RN oui, je ne me cache pas", lance-t-il.
Lundi 8 septembre, c'est à la radio que Jeannot, Serge et les autres suivront la suite du feuilleton, dans leur camionnette ou leur camion.
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