Reportage
"Faire un Etat palestinien, et après ?" : au nord de Tel-Aviv, ces Franco-Israéliens opposés à la reconnaissance de la Palestine par Emmanuel Macron

La France et neuf autres pays occidentaux reconnaîtront l'Etat palestinien lundi, à New York. Une démarche critiquée par des Franco-Israéliens qui habitent à Netanya.

Article rédigé par franceinfo
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La ville de Netanya, en Israël, avril 2024. (JACK GUEZ / AFP)
La ville de Netanya, en Israël, avril 2024. (JACK GUEZ / AFP)

Lundi 22 septembre, le président Emmanuel Macron doit reconnaître l'Etat de Palestine avec une dizaine d'autres pays pour tenter de trouver une issue à la guerre. En Israël, le gouvernement rejette violemment cette avancée diplomatique. Au nord de Tel-Aviv, dans la ville de Netanya, franceinfo a demandé leur avis à des Franco-Israéliens, à la veille de cette reconnaissance. Cette ville, d'où l'on aperçoit la mer, se fait appeler "la petite France", parce qu'un tiers des habitants viennent de l'Hexagone. Ils sont installés ici, y ont refait pour partie leur vie et profitent du cadre agréable. Netanya est une ville moyenne avec de grands immeubles blancs.

Sur la place de l'Indépendance, entre 10h et 10h30, il y a pas mal de Français, pour une raison simple : une boulangerie jouxte la place, avec des petits cafés et des terrasses. "C'est un paradis sur terre. Voilà, pour moi, c'est la ville qui nous convient", témoigne une femme. La boulangerie s'appelle La Brioche et vend des baguettes, des mille-feuilles, des gâteaux, des croissants et des chouquettes.

"Un Monsieur qu'on veut rayer de nos esprits"

C'est aussi une petite France résumée dans une boulangerie. Et autour, il y a les terrasses des cafés avec essentiellement des Français et beaucoup de retraités : "Je m'appelle Yolande, ça fait 15 ans que je suis là et je suis la plus heureuse de la Terre. Au début, j'avais un peu de mal à m'adapter. On a grandi en France, mais là, tout va bien." À l'évocation d'Emmanuel Macron, l'ambiance se raidit : "C'est un Monsieur qu'on veut rayer de nos esprits, de partout", commente un homme. "C'est le seul qui a entraîné avec lui toute l'Europe pour rien. Faire un Etat palestinien, et après ? Nous, on veut deux Etats mais avec des gens qui en valent la peine, pas avec des terroristes", ajoute une femme.

Un peu plus loin, Evelyne hausse le ton : "Les Palestiniens, où sont-ils ? Ce sont tous des terroristes. Les vrais Palestiniens, il n'y en a plus. Ils sont tous plus ou moins engagés dans le terrorisme. Donc il ne va pas rester grand monde. Pour un Etat, ça fait peu." Elle vit à Netanya depuis 2017.

"Qu'ils relâchent nos otages, qu'ils arrêtent de nous taper dans le dos et ça ira certainement beaucoup mieux."

Evelyne, une Franco-Israélienne de Netanya

à franceinfo

Sans Etat palestinien, quelle solution à la guerre, interroge franceinfo. "Je ne sais pas. C'est un grand point d'interrogation", répond Jean-Claude. "Il peut y avoir un Etat palestinien mais moi, ce que je souhaite le plus, c'est une cohabitation et ça, c'est impossible." "Je vais parler peu, mais je vais vous résumer la situation, intervient un autre homme. Je peux vous dire une chose, c'est qu'il n'y a pas de solution. Nous, on est préparés à ce que ce soit comme ça pour toutes les générations. Ca a été comme ça et ça va continuer", estime Marcel, coiffeur à la retraite.

"C'est mon pays et je suis prête à mourir pour mon pays. Et je n'ai pas peur, je n'ai peur de rien", revendique Péguy, qui vit en Israël depuis 43 ans. Elle est née à Tunis, a vécu en France et maintenant est purement israélienne. "Moi, mon fils a été volontaire pour la guerre. Il y a été, il a laissé sa femme, ses enfants. Je ne sais pas comment vous expliquer. C'est vraiment incroyable la volonté qu'ont nos soldats d'aller vers la mort. Ils sont prêts à se sacrifier pour le pays, pour que l'avenir soit plus beau pour les jeunes." À côté, un homme conclut : "Je vous souhaite du bonheur et un miracle, un miracle de Dieu."

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