Reportage
"C'est plus rassurant que les fêtes de village" : le succès des "teen parties", ces soirées en discothèque sans alcool et sans adulte

Plusieurs boîtes de nuit dans toute la France proposent des soirées réservées aux adolescents, entre 13 et 17 ans. Ces soirées font très souvent le plein, surtout pendant les vacances scolaires.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Dans la boîte de nuit Le Castel à la Roche-sur-Yon (Vendée), avril 2025. (ALEXANDRE RUBIN / RADIO FRANCE)
Dans la boîte de nuit Le Castel à la Roche-sur-Yon (Vendée), avril 2025. (ALEXANDRE RUBIN / RADIO FRANCE)

Faire la fête en boîte de nuit à seulement 13 ans, c'est possible. Il est 19 heures sur le parking du Castel, une boîte de nuit à La Roche-sur-Yon, en Vendée : les voitures s'arrêtent, mais ne restent pas. Et pour cause : ce soir, c'est "teen party", une soirée sans alcool et sans adulte.

Les parents donnent les dernières consignes : "Vous restez ensemble, c'est comme d'hab hein ? La main sur le verre, tu m'écoutes ?", déclare Sonia, maman de Charlène, 14 ans. "Ça fait tout drôle au départ parce que 14 ans en boîte, moi, je n'ai pas connu ça", confie la mère de famille, rassurée par le cadre de la soirée : "Le fait que ce soit sécurisé qu'ils ne sortent pas avant qu'on vienne le chercher devant le portail, le fait qu'il y ait zéro alcool... On est super rassurés, en tant que parents."

Pièce d'identité obligatoire

La file d'attente s'allonge devant la discothèque, 600 à 700 jeunes sont attendus ce soir-là. L'entrée coûte entre 10 et 16 euros avec sodas et jus de fruit à volonté... Mais avant, il faut montrer patte blanche. "Avancez avec la pièce d'identité, s'il vous plaît", déclare Jason, qui s'occupe de la sécurité de la soirée. Son collègue vérifie les autorisations parentales et lui, les billets d'entrée. Pour rentrer, il faut absolument avoir entre 13 et 17 ans.

Ça passe pour Swenn et ses amis, qui rentrent dans la boîte déjà bien remplie. À l'intérieur, il y a une énorme piste de danse avec des lumières qui tournent dans tous les sens au rythme des morceaux mixés par le DJ. Mais d'abord passage au bar : "Un verre d'eau s'il vous plaît", demande un adolescent. Il n'y aura aucune consommation d'alcool ce soir. Il y a bien des bouteilles de vodka ou de rhum derrière le comptoir, mais elles resteront fermées toute la soirée. "Je suis déjà venue deux fois, raconte Liséa, 14 ans. C'est plus rassurant parce que, parfois, dans les fêtes de village il y a des gens plus âgés et bourrés, et franchement ça fait peur."

"Vu qu'il n'y a pas d'alcool et que c'est des gens de notre âge, franchement c'est grave bien !"

Liséa, 14 ans

à franceinfo

"On ne peut pas s'arrêter de danser, c'est trop cool"

Une autre différence : on danse encore plus que dans les soirées classiques. La piste reste tout le temps pleine à craquer. La playlist reste exactement la même que pour une soirée classique. Les vigiles gardent un œil sur les pogos qui n'arrêtent pas et le cas échéant se mettent au milieu de la foule pour faire redescendre l'excitation. 

Éliès vient de sortir sur la terrasse, il est totalement trempé : "Je me suis jeté de l'eau sur la tête, j'ai trop chaud et, là, c'est super. Il y a même trop d'ambiance. On ne peut pas s'arrêter de danser, c'est trop cool !" Ses parents ont fait 45 minutes de route pour l'emmener ici avec trois autres amis du lycée. "C'est beaucoup mieux que d'être avec les parents, sourit l'adolescent. Avec les parents, il y a toujours un peu de contrôle... On ne peut pas dire ce qu'on veut. Là, on est vraiment libre de dire ce qu'on veut. On peut faire tout ce qu'on veut, c'est très bien. "

Ils sont plusieurs à souligner le côté agréable de se retrouver entre adolescents, peu importe à leurs yeux l'écart d'âge entre les 13 ans et les 17 ans. Et c'est souvent le moment de faire des rencontres, notamment pour Moïse. Il a 15 ans et il est venu avec une idée bien précise : rentrer chez lui avec le contact d'au moins une fille.  "De base, on vient pour s'amuser, mais ça rajoute un petit truc un peu pétillant", explique-t-il même s'il vient tout juste d'essuyer un échec. "Elle a dit 'non je suis déjà prise', et tout ça, raconte Moïse. Ça veut dire que je ne suis pas BG [beau gosse] de fou. Je ne veux pas m'arrêter sur une défaite en tout cas."

"Il y avait un créneau sur lequel se positionner"

Derrière les platines, il y a Simon Rodriguez ou plutôt DJ Trax. Il mixe toute la soirée mais il est aussi l'organisateur de ces "teen parties". "Il y a quelques années, il y avait souvent des soirées qui n'étaient pas en discothèque mais dans des salles de la ville., explique-t-il. Les organisateurs faisaient des boums, mais là, depuis quelques années, il n'y en avait plus. On a vu qu'il y avait un créneau sur lequel se positionner."

Simon le reconnaît, les "teen parties" rapportent moins que les soirées avec alcool, mais ce n'est pas grave : "C'est intéressant puisque c'est une soirée en plus. Ça nous permet de varier un petit peu, Ça permet de faire découvrir les discothèques à des jeunes qui n'ont pas l'occasion d'y aller normalement. On espère qu'ils reviendront quand ils seront majeurs. En tout cas, on les accueillera pour les 'teen parties' tant qu'ils sont mineurs."

Pour les attirer, il ne lésine pas sur les moyens : le financement d'un permis de conduire sera à gagner pendant la prochaine soirée.

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