:
Reportage
Maisons individuelles, potagers surélevés, bibliothèque, billard... En Haute-Vienne, un village senior se présente en alternative à l'Ehpad
Près de Limoges, un "village senior" est conçu comme une antithèse des Ehpad, avec de petites maisons individuelles, construites dans un réel esprit village. Actuellement, huit retraités, de 70 à 94 ans, y vivent.
/2023/12/06/agathe-mahuet-pic-65706db0ef620987855507.png)
/2025/08/05/20250729-120207-68921b81125ac032271520.jpg)
Marie-Françoise, la dernière arrivée, a vite pris l'habitude de quitter son logement individuel pour rejoindre les autres résidents d'un "village senior", appelé "Domaine du Lavoir", à Saint-Maurice-les-Brousses, au sud de Limoges. Depuis le 7 juillet, elle se réjouit déjà : "C'est bien, je suis moins seule que quand j'étais chez moi, dans une très grande maison. Arrive un moment où c'est difficile. Et là, c'est convivial, c'est bien." Ce village senior est un lieu conçu comme une antithèse de l’Ehpad, avec de petites maisons individuelles, où vivent en ce moment 8 retraités, de 70 à 94 ans.
Avec Thérèse, Jeanine et Bernadette, Marie-Françoise apprécie "la bonne entente générale, la gentillesse" de l'endroit. Devenues comme des colocataires, les femmes se sont installées dans la grande pièce collective, chaleureuse avec sa charpente en bois apparente. Il y a une vraie cheminée et même un coin karaoké.
Jeanine, 83 ans, reconnaît y passer la plupart de son temps, "on se retrouve tous", en faisant beaucoup de jeux : "Le Triomino, le jeu de dames, le Rubik's Cube..." Dans un coin se trouve aussi un billard : "Nous, on a essayé avec Thérèse. Toutes les deux, on a bien rigolé parce qu'on ne savait pas jouer." Avec ces équipements et cette ambiance, difficile de s'ennuyer pour les résidentes.
"Ma fille s'est permis de dire qu'il fallait prendre rendez-vous pour me voir, tellement j'étais occupée !"
une résidente du Domaine du Lavoirà franceinfo
Dehors, c'est aussi très aménagé. "La verdure, les fleurs, les animaux... C'est vraiment ce que je cherchais depuis longtemps", décrit Marie-Françoise devant la place au cœur du domaine créé de toutes pièces, il y a un an.
À deux pas du centre-bourg de Saint-Maurice-les-Brousses, c'est comme un village dans le village. Le domaine possède sa fontaine, ses petits murets de pierre et même son coin potager. "Là, on a deux petits jardins à hauteur", explique Valérie, accompagnante sociale, l'une des trois personnes qui travaillent ici. Elle montre de petits potagers surélevés qui permettent de ne pas avoir à se baisser. "On fait nos salades, assure-t-elle. On a déjà mangé nos premières batavias, on a tout mangé d'ailleurs !"
/2025/08/05/20250729-112933-68921bcda9ffd299858447.jpg)
Plus loin, elle désigne un terrain de pétanque, jeu qui peut se pratiquer moyennant un peu d'aide pour ramasser les boules. Valérie montre encore une jolie guirlande lumineuse pour la tombée de la nuit, une terrasse partagée. Tout cela donne un faux air de camp de vacances, propice à donner le sourire aux résidents, qui louent chacun une petite maison de 45 mètres carrés.
Un loyer de 1 750 euros pour une personne seule
Ces maisons sont dispersées autour de la place. Équipées de cuisine, avec deux grands placards, elles disposent d'une chambre de 13 mètres carrés et d'une salle de bains où on peut s'asseoir dans la douche. Le loyer est de 1 750 euros pour une personne seule.
Ces logements sont pensés pour des gens vieillissants, moins alertes, mais sans soucis de santé trop envahissants. "Les résidents qui arrivent ici sont plutôt autonomes, explique Valérie. On a quand même deux personnes en fauteuil roulant et un monsieur avec un déambulateur. Notre seul frein ici à la location, ce sont les soucis cognitifs. On ne peut pas s'occuper de cas comme Alzheimer. On fait venir [si nécessaire] des aides-soignantes, des infirmières... Mais nous, on est non médicalisés. La nuit, il n'y a personne."
Certains résidents, en revanche, font appel à des aides à domicile pour la toilette ou le ménage. Des repas sont livrés aussi pour ceux qui n'ont pas envie de se faire à manger. Dans un autre bâtiment, encore, on trouve à disposition une bibliothèque, des vélos d'appartement, un coin coiffure et même une machine à coudre. "On ne force personne à descendre nous voir ou à faire les animations, décrit Valérie. Si vous avez envie de rester dans votre maison, vous restez dans votre maison."
"Chacun fait ce qu'il veut, comme si vous étiez un locataire lambda ailleurs."
Valérie, accompagnante socialeà franceinfo
C'est à cette atmosphère bienveillante que pensaient Isabelle et David, les créateurs du domaine, quand ils ont lancé ce projet. Isabelle a travaillé en Ehpad et a vu tout le côté négatif de l'Ehpad, explique Valérie, et David étant maître d'œuvre dans le bâtiment, le couple a mutualisé ses compétences pour créer le domaine. "En fait, c'est un bon compromis entre ne plus être chez soi et ne pas être en Ehpad, résume l'accompagnante sociale, peut-être quelque chose dont vous auriez envie pour vos parents."
À 94 ans, Thérèse confirme : "Je ne pouvais plus rester chez moi, j'avais pensé à l'Ehpad. On entend dire que ce n'est pas toujours très bien, ça ne fait pas envie d'y aller." Ici, les occupants ont un sentiment de liberté. En plus d'un cadre verdoyant, ils font des petites sorties au restaurant ou au bowling. Il reste trois petites maisons à louer dans ce village senior et huit autres logements, les derniers, seront construits dans les années à venir.
À regarder
-
Temu, Shein... ça va coûter plus cher ?
-
C'est très compliqué dès qu'on parle de la France
-
Départ anticipé d’E. Macron : “La seule décision digne qui permet d’éviter 18 mois de crise”
-
Donald Trump : le Venezuela dans sa ligne de mire
-
Hommage à Samuel Paty : des minutes de silence "inutiles" pour sa sœur.
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
-
Salomé Zourabichvili : "La Russie utilise la Géorgie comme test"
-
Se faire recruter dans l’armée par tirage au sort ?
-
La détresse de Cécile Kohler et Jacques Paris, otages en Iran
-
Le fléau des courses-poursuites à Los Angeles
-
Se soigner risque-t-il de coûter plus cher ?
-
Bac sans calculette : les conseils de Lucas Maths
-
Menace des drones : la France déploie ses armes
-
Un couple sauvé des eaux au Mexique
-
Ces méthodes spectaculaires contre les courses-poursuites
-
Opération anti-drogue : 400 policiers mobilisés à Grenoble
-
En Turquie, une femme sauvée in extremis devant un tramway
-
14 milliards d'impôts en plus, qui va payer ?
-
Gaza : comment désarmer le Hamas ?
-
Menace sur les réseaux : 100 000 euros pour t*er un juge
-
Cédric Jubillar : 30 ans requis contre l'accusé
-
Impôts, retraites, que prévoit le budget 2026 ?
-
Rihanna, reine des streams sans rien faire
-
Que changera la suspension de la réforme des retraites si elle est votée ?
-
Salaire : êtes-vous prêts à jouer la transparence ?
-
Ici, des collégiens dorment à la rue
-
Nouvelle éruption d'un volcan dans l'est de l'Indonésie
-
Cœur artificiel : l'angoisse des greffés Carmat
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter