"Je suis venue découvrir la science" : une initiative au collège vise à encourager les carrières scientifiques féminines
Alors que la France manque de 20 000 ingénieurs et de 60 000 techniciens chaque année, une expérience dans près de 60 collèges tente de pousser de jeunes élèves - et notamment les jeunes filles - à choisir les filières scientifiques.
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Depuis la rentrée 2025, une expérience est menée dans 58 collèges du pays, consistant à rajouter à l'emploi du temps deux heures par semaine de cours de sciences un peu particulières. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, il y a beaucoup de volontaires pour ces classes aménagées, comme dans le collège Joliot Curie de Tergnier, dans l'Aisne.
C'est l'heure de la classe de sciences pour les 26 élèves de la 4e CHAMS du collège - CHAMS signifiant Classe à horaires aménagés en Mathématiques et en Sciences. Ce matin de septembre, sur l'estrade, Caroline Haddad, une enseignante pas comme les autres, détaille la composition moléculaire du sucre.
Cette professeur a pour particularité d'être enseignant-chercheur à l'université de Picardie Jules Verne, au département de chimie. "Les enseignants de ce collège leur donnent un cours, mais notre apport à nous n'est de leur faire cours, explique-t-elle, l'idée est de voir ce que l'on peut apporter qui viendrait de notre laboratoire, de nos propres recherches, avec des enfants qui sont quand même en 4e".
"Je suis venue découvrir la science"
C'est le "plus" de cette classe : des intervenants extérieurs, en plus des cours classiques, pendant deux heures par semaine. Les élèves n'ont eu que quelques séances depuis la rentrée, mais, déjà, Lola et Laure espèrent retirer beaucoup de leur passage en classe CHAMS. "Je n'ai que 13 ans, je ne sais pas forcément ce que je veux faire plus tard, dit l'une, je sais qu'avec ça je vais apprendre plusieurs choses, c'est un projet extraordinaire à essayer". "Je suis venue découvrir la science, dit l'autre, je n’imaginais pas que je pourrais le faire."
"Je rêve de devenir infirmière, je ne savais pas que ça demandait d'être scientifique."
Laure, élève de classe CHAMSà franceinfo
Les élèves n'ont pas fini les découvertes. En cours d'année, ils se rendront dans un laboratoire de l'université de Picardie Jules Verne, à Amiens, pour réaliser des expériences autour de la fabrication de cosmétiques. Avec ces cours plus pratiques, le but affiché est aussi d'attirer plus de filles vers les filières scientifiques.
De moins en moins de femmes dans les filières scientifiques
Le défi est de taille parce que la tendance est à la baisse : il y a de moins en moins de femmes dans les filières scientifiques, tout particulièrement en maths et en physique. Par exemple, dans la prestigieuse École polytechnique,16% de jeunes femmes ont été admises en 2024, contre 23% l'année précédente.
Assis au fond de la classe, Nino, qui rêve d'être pilote d'avion l'a bien noté. "Les filles sont, d'après un préjugé, apparemment plus intelligentes que les garçons, dit-il. Mais, il y a beaucoup moins de filles qui se retrouvent dans les filières de physique, de SVT, de mathématiques. Parfois elles ont les meilleures notes, mais après, quand on regarde les reportages, il y a moins de filles qui vont dans ces filières-là."
D'après Julien Roux, professeur de physique-chimie, si les filles sont moins nombreuses dans les filières scientifiques, c'est parce que, très tôt, dans les cours, elles osent souvent moins s'imposer. "Lors de la première en salle de technologie, on a constaté, en les mettant en binôme, que certains garçons prenaient le "lead" sur l'ordinateur, prenaient le contrôle de la souris du clavier, etc. On voyait des groupes où le garçon prenait plus de place."
Apprendre à travailler avec des garçons
Alors dans la classe CHAMS, les élèves ne sont pas placés au hasard, comme l'explique Marie-Lou."On a voulu se placer une fille à côté d'un garçon, comme ça on apprend à travailler avec des garçons. Souvent" poursuit-elle, les filles sont avec les filles, les garçons avec les garçons, donc on n'apprend pas à se connaître les filles et les garçons".
Pour faire partie de cette classe - composée de 14 filles et de 12 garçons - les élèves ont dû écrire des lettres, et tous ont été sélectionnés sur leur motivation. Johnny Grocco, le père de Lola, s'en souvient. "Lola est rentrée un soir de l'école, elle m'a dit 'papa faut qu'on parle'. Je me suis dit qu'il y avait un problème, en fait, simplement, elle voulait me parler du projet, déclare-t-il. On ne l'a pas dissuadée, mais on voulait absolument mettre l'accent sur le fait qu'elle s'engageait, que ça allait être des heures supplémentaires. Et elle a répondu : 'Papa, une opportunité, quand ça se présente, il faut la saisir, donc je veux le faire.'"
Des opportunités, il y en a. Chaque année, il manque 20 000 ingénieurs et 60 000 techniciens en France, selon des chiffres du ministère de l'Éducation nationale.
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