Lucy, la grand-mère de l’humanité, exceptionnellement visible à Prague

Les ossements de Lucy, l’ancêtre australopithèque âgée de 3,2 millions d’années, sont exceptionnellement mis disposition,par l’Éthiopie. Ils sont visibles dès lundi au musée national tchèque à Prague.

Article rédigé par Olivier Emond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des ossements du squelette d'une femelle australopithèque, alias spécimen de Lucy,  visibles le 10 juillet 2004 à Carnac dans le cadre d'une exposition "Lucy à Carnac" (photo d'illustration). (FRED TANNEAU / AFP)
Des ossements du squelette d'une femelle australopithèque, alias spécimen de Lucy, visibles le 10 juillet 2004 à Carnac dans le cadre d'une exposition "Lucy à Carnac" (photo d'illustration). (FRED TANNEAU / AFP)

Pour la première fois, l'ancêtre de l'humanité va fouler le sol européen. Les ossements de Lucy ont été exceptionnellement prêtés par l'Éthiopie au musée national tchèque, à Prague, à partir du lundi 25 août. Comme une lointaine aïeule âgée de plus de trois millions d’années, elle vient rendre visite pour la première fois à ses arrière-petits-enfants, qui ont quitté les rives de l'Afrique il y a peut-être deux millions d’années pour venir arpenter ces terres européennes. Découverte dans une région du nord-est éthiopien, il y a un peu plus de 50 ans par une équipe franco-américaine, Lucy n’a jusqu’ici quitté qu’une seule fois sa maison de retraite, le musée national d’Addis-Abeba. C’était en 2007 pour une longue tournée américaine.

Lucy est rapidement devenue une icône populaire dans les années 70-80, grâce évidemment à ce prénom : Lucy, issu de la chanson des Beatles, mais aussi, sur un plan plus scientifique, du fait de la qualité de ses ossements — une cinquantaine retrouvés, correspondant à environ 40% de son squelette — et dont certains, comme un fémur ou une partie du bassin, ont permis à l’époque d’affirmer que cette femme adulte, haute comme trois silex (1,10 m), faisait bien partie de la lignée humaine parce qu’elle était bipède. Finie la déambulation à quatre pattes, notre australopithèque gambadait sur ses pattes arrière presque devenues des jambes, et voilà, entre autres, comment ce fossile âgé de 3,2 millions d’années devint notre grand-mère à tous !

Un statut qui a évolué depuis !

Unique au moment de sa découverte, elle est devenue aujourd’hui l’une parmi d’autres. Depuis, des ancêtres bien plus âgés ont été découverts, comme Orrorin, daté de six millions d’années, et surtout, la vision de notre évolution a changé. On est passé d’une évolution linéaire depuis les grands singes jusqu’à nous à une vision ramifiée, avec sans doute plusieurs espèces vivant à la même époque, certaines familles disparaissant, d’autres se poursuivant, avant que l’une ne prenne le dessus pour devenir Homo sapiens.

L’arbre généalogique du genre humain s’est ainsi étoffé et, encore ces jours-ci, un nouveau cousin a peut-être pointé le bout de son nez, selon une étude publiée dans Nature. Un autre australopithèque, dont des dents datées de 2,5 millions d’années ont été retrouvées toujours en Éthiopie, sur le site de Ledi-Geraru. La morphologie de ces dents ne correspond à aucune espèce connue, un indice nécessaire, mais pas suffisant pour confirmer qu’une nouvelle espèce a été mise au jour.

La famille n’a peut-être pas fini de s’agrandir, et ce n’est peut-être pas notre grand-mère, qui nous rend visite en ce moment à Prague, mais une cousine, une grande tante, que les Éthiopiens appellent DinKnesh, ce qui se traduit par"tu es merveilleuse".

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.