La ruée vers l’hydrogène naturel

Sommes-nous aux débuts de la découverte d’une nouvelle ressource naturelle d’ampleur mondiale ? Des géologues le croient et sont en train de traquer dans le sous-sol la présence d’un nouveau pétrole, l’hydrogène naturel.

Article rédigé par Vincent Nouyrigat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'hydrogène naturel, le nouvel or blanc. (ANDRIY ONUFRIYENKO / MOMENT RF / GETTY)
L'hydrogène naturel, le nouvel or blanc. (ANDRIY ONUFRIYENKO / MOMENT RF / GETTY)

Ce serait vraiment le Graal de la transition énergétique car un moteur à hydrogène n’émet que de l’eau. On se prend à imaginer toute une civilisation bâtie sur cette molécule, plutôt que sur le pétrole. L’ennui c’est que pour le moment, il faut extraire cet élément chimique à partir des hydrocarbures, ou bien de l’électrolyse de l’eau, des procédés très polluants ou très énergivores.

REPORTAGE. "Comme une échographie du sous-sol" : sur la piste de l'hydrogène blanc dans le Sud-Ouest de la France https://ikeaflex.store/environnement/energie/reportage-comme-une-echographie-du-sous-sol-sur-la-piste-de-l-hydrogene-blanc-dans-le-sud-ouest-de-la-france_6539876.html%3C/p%3E

Certains géologues pensent toutefois que l’on pourrait trouver des réservoirs d’hydrogène dans le sous-sol, comme il y a des gisements de gaz naturel ou de pétrole. Jusqu’à présent, personne n’avait vraiment cherché volontairement ce gaz ultra discret, inodore, incolore, capable de fuir par la moindre petite ouverture. Seule une équipe est tombée par hasard, en 2011, sur une poche d’hydrogène pur dans un puits abandonné au Mali. 
 

Deux siècles de réserves énergétiques

La trouver est justement l’enjeu de deux études parues début mai. Il va falloir imaginer les endroits dans le sous-sol où l’hydrogène serait produit en grande quantité, piégé pour former un gisement, mais aussi préservé, car les bactéries du sol raffolent de l’hydrogène, et elles peuvent épuiser cette ressource en la consommant. Il semble que les chaînes de montagne réunissent toutes ces qualités : elles font remonter des roches profondes du manteau terrestre qui, en contact avec l’eau, produisent de l’hydrogène. Et cela se produit ici à de fortes températures, qui bloquent l’accès aux bactéries. D’ailleurs, des premiers travaux prometteurs ont lieu en ce moment dans les Alpes suisses et dans les Pyrénées. 
 
Fau-il vraiment y croire ? Ce n’est pas interdit d’espérer. Plusieurs experts de l’industrie pétrolière ont quitté leur emploi récemment pour parier sur cette ressource et monter leur start-up. Quelques chiffres sont aussi encourageants : une estimation publiée en décembre dernier avançait que l’hydrogène naturel récupérable dans la croûte terrestre pourrait subvenir à tous les besoins énergétiques de l’humanité pendant deux siècles. Peut-être sommes-nous aux débuts de la découverte d’une nouvelle ressource naturelle d’ampleur mondiale, comme les pionniers de l’or noir du XIXe siècle. Mais il faut aussi se préparer à être déçus, que l’hydrogène naturel soit présent de manière trop diffuse, inexploitable, que cette quête d’une source d’énergie vertueuse fasse "pschitt". Mais, au moins, on aura tenté.
 
 

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