Data : "Certaines entreprises présentes aux États-Unis décident de relocaliser ou de dupliquer leurs données sur le sol européen", se réjouit le directeur d'Iliad
Thomas Reynaud est directeur général de l'opérateur Iliad - maison mère de Free -, fondé par Xavier Niel. Le groupe est spécialisé dans le téléphone fixe et mobile, mais investit de plus en plus dans d'autres activités, notamment le cloud, et les data centers.
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Iliad, maison mère de Free est un opérateur qui affiche une croissance insolente de 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires, l'an dernier, et 50 millions d'abonnés.
Franceinfo : Thomas Reynaud, vous venez de publier vos résultats financiers. Comment expliquer cette forte croissance, dans un marché européen mature, puisque tout le monde aujourd'hui a un abonnement de téléphone portable ?
Thomas Reynaud : C'est vrai et quelque part, c'est un bon signe. Ça veut dire que nous avons bien fait notre métier d'opérateur télécoms. Aujourd'hui, en France, grâce aux investissements des 12 dernières années, nous sommes présents dans 29 000 communes sur la fibre optique. Ce qui veut dire que plus de 90% des Français ont accès à la fibre Free. Et on couvre plus de 92% de la population française avec notre réseau 5G.
Vous êtes présents sur trois marchés en Europe principalement, l'Italie, la Pologne et la France. Sur le marché français, vous avez gagné l'an dernier 668 000 nouveaux abonnés. Comment faites-vous ?
Le premier sujet de préoccupation des Français aujourd'hui, c'est le pouvoir d'achat. Et quelque part, Free, c'est l'arme anti-inflation. On a fait une promesse très forte, depuis 2012, on n'a pas touché aux prix de nos deux forfaits mobiles. Et on est même allés plus loin puisque jusqu'en 2027, nos deux forfaits mobiles ne bougeront pas d'un centime.
Dans la guerre des prix qui existe entre tous les opérateurs de téléphonie mobile, vous pensez que vous vous êtes premiers ?
En tout cas, on a fait le choix de la transparence, de la constance, de la générosité aussi. Nos offres sont de plus en plus généreuses en termes de données, de destinations à l'étranger. Et les Français ne s'y trompent pas.
Mais comment faites-vous pour gagner de l'argent sur un abonnement Free ?
D'une part en vous fidélisant, grâce à la qualité de nos offres et on a fait des choix exigeants. Nous avons décidé d'internaliser toutes les fonctions-clés. Et nous avons la conviction que faire mieux ne coûte pas nécessairement plus cher. Il n'y a jamais le moindre compromis chez Free sur la qualité. Nous avons investi plus de 10 milliards d'euros ces dernières années sur la fibre optique, sur nos réseaux 5G. C'est ce modèle où on fait extrêmement attention à la maîtrise des coûts. Et ça passe par une internalisation et aussi par la simplicité de nos offres.
Et ça différencie de vos concurrents d'avoir tout en interne ?
Oui. Autre différenciation, nous avons qu'une seule marque : la marque Free. Nous n'avons pas des marques secondaires, avec des offres très différenciées. C'est la simplicité de notre gamme d'offres. C'est la performance, l'innovation aussi. Et les Français le savent. On a notre produit star qui est la Freebox, qui est internalisée, qui est conçue dans nos laboratoires de recherche et développement à Paris et à Montpellier.
Mais les autres aussi font pareil, non ?
Non, c'est une exception. Nous sommes le seul opérateur télécoms en Europe. Et ça, ça a été la vision de Xavier Niel dès 2002, lorsqu'il a lancé la première Freebox et le premier forfait "triple play". On a fait le choix de l'internalisation sur la façon de créer et de fabriquer un certain nombre d'équipements télécoms.
Vous proposez aussi la version pro du "Chat", l'assistant développé par le français Mistral, gratuitement pendant douze mois, à tous vos abonnés. C'est un produit d'appel ?
C'est une décision qu'on a prise au moment du Sommet de l'intelligence artificielle qui s'est tenue à Paris, fin février. Et ça nous a semblé naturel de s'associer avec un leader mondial de l'intelligence artificielle, Mistral, qui se trouve être français. Et c'est un peu le sens de l'histoire de Free. C'est démocratiser le numérique, démocratiser la technologie.
"On a décidé d'offrir la version premium du Chat, qui est un assistant d'intelligence artificielle, à nos 15 millions d'abonnés, pendant douze mois."
Thomas Reynaud, directeur général d'Iliadà franceinfo
Donc pendant douze mois, ils auront accès gratuitement à ce produit qui coûte sinon 14,99 euros, lorsque vous n'êtes pas abonné Free.
Xavier Niel a d'ailleurs investi dans Mistral. Le groupe Iliad, c'est évidemment du téléphone fixe, mobile, mais aussi d'autres activités : du cloud, des data centers, un laboratoire de recherche sur l'IA fondé par Xavier Niel, Kyutai, existe aussi. Et un investissement énorme de 3 milliards d'euros, annoncé lors du sommet de l'IA le mois dernier. Aujourd'hui, concrètement, que représentent ces activités dans votre chiffre d'affaires ?
Aujourd'hui, elles représentent moins de 5% de notre chiffre d'affaires. Mais nous avons la conviction que nous sommes à un moment de bascule, que l'histoire est en train de se jouer devant les yeux. On ne peut pas laisser l'intelligence artificielle être le monopole de quelques grandes puissances comme l'Amérique et la Chine. L'Europe doit jouer sa propre carte. Et c'est exactement le sens de toutes les initiatives que nous avons pris sur différents métiers : les data centers, la puissance de calcul, le cloud. On va investir trois milliards d'euros dans ces nouveaux métiers. Nous sommes présents déjà depuis cinq ans sur ces métiers-là, mais nous devons accélérer.
"Notre continent doit accélérer parce que c'est ce qui se joue avec l'intelligence artificielle, c'est non seulement la compétitivité de nos économies, mais c'est aussi nos valeurs."
Thomas Reynaudà franceinfo
C'est aussi notre imaginaire collectif. Parce qu'à travers l'IA, à travers l'IA générative, c'est la façon dont on apprend, dont on s'instruit, dont on se divertit. Et l'Europe ne peut pas rester à côté de cette révolution qui a lieu sous nos yeux.
Donc, aujourd'hui, ce sont de très lourds investissements et une part très faible de votre chiffre d'affaires. Mais vous pensez qu'à terme, dans quelques années, ça va évoluer ?
Notre positionnement chez Iliad n'est pas de développer un langage d'intelligence artificielle, mais d'investir dans les infrastructures dédiées à l'intelligence artificielle. C'est-à-dire que, pour qu'il y ait des entreprises en Europe, qui développent des langages, qui les entretiennent, qui les mettent à disposition, comme Mistral avec le Chat, on a besoin de puissance de calcul. Et nous avons aujourd'hui la première puissance de calcul dédiée à l'intelligence artificielle chez Iliad. On a besoin aussi de centres de données. Nous opérons aujourd'hui 15 centres de données, un peu partout en Europe. Et nous allons investir 2,5 milliards d'euros dans cette activité. Nous sommes dans une économie de la connaissance, dans une économie de la donnée. Et pour héberger, pour faire fonctionner ses données, on a besoin de ce que l'on appelle des data centers.
Vous êtes en train d'essayer de faire partie des clouds souverains, d'avoir ce label. Ça va faire venir des professionnels, d'autres clients que vous n'avez pas ?
On a d'ores et déjà plus de 150 grandes entreprises qui utilisent les solutions de cloud du groupe Iliad. On a aussi la plateforme des appels d'urgence, le 112 qui est hébergé chez nous. Et on constate, ce qui est assez intéressant, c'est qu'avec ce choc géopolitique auquel on assiste depuis maintenant deux mois, on commence à voir certaines entreprises qui étaient présentes aux États-Unis qui décide de relocaliser ou de dupliquer leurs données sur le sol européen. Et notamment chez Scaleway, notre filiale de cloud.
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