Du général de Gaulle au président Macron, les rares voyages d'Etat des dirigeants français à Monaco

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Article rédigé par Fabrice d'Almeida
Radio France
Publié
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Le président français François Mitterrand reçu à Monaco par le prince Rainier, le 19 janvier 1984 (RAPH GATTI / AFP)
Le président français François Mitterrand reçu à Monaco par le prince Rainier, le 19 janvier 1984 (RAPH GATTI / AFP)

Samedi 7 et dimanche 8 juin, le président de la République se rend à Monaco, en voyage officiel. Les voyages d'État français ont été rares dans la principauté. Sous la IVe République, seul le ministre de la Justice du gouvernement Guy Mollet, François Mitterrand, s'était rendu au mariage du prince Rainier avec la princesse Grace. Une visite de courtoisie, en somme.

Peu après, en 1960, en voyage dans le Sud, le général de Gaulle fait un "détour" pour converser avec le prince. Rien d'officiel, mais cette visite donne du poids au prince pour la reprise en main des finances de la principauté, avant la petite fâcherie du blocus qui survient deux ans plus tard.

En 1983, le grand tournant des relations franco-monégasques

En janvier de cette année-là, le prince Rainier se rend en visite à Paris. Il propose au président François Mitterrand de venir en voyage officiel dans la principauté, et ce dernier accepte. Monaco est devenu un grand paradis fiscal, florissant, et sa famille régnante est connue dans le monde entier. Un bon coup de publicité pour le président socialiste, en panne dans les sondages. Pour les Monégasques, c'est un coup d’éclat diplomatique. Chacun veut afficher fièrement la souveraineté de Monaco, notamment côté français. 

François Mitterrand et son épouse Danièle prennent soin de médiatiser leur arrivée à Nice en avion, puis leur déplacement en hélicoptère jusqu'à Monte-Carlo, manière de mettre en scène tout le protocole des visites d'État, avec réception sur la zone d'atterrissage. Les deux chefs d'État échangent ensuite des décorations : le prince héritier Albert est reçu dans l'ordre de la Légion d'honneur et le président Mitterrand dans l'ordre de Saint-Charles, la plus haute distinction monégasque. Pour le détail, ses titulaires ont droit à un piquet de quatre carabiniers commandés par un officier lors de leurs funérailles. Enfin, le ministre des Affaires étrangères, Claude Cheysson, est présent. Le but est de montrer que l'on se situe bien dans le cadre des relations internationales.

Moment d'émotion : lors du dîner, le président évoque la princesse Grace disparue deux ans auparavant. Mais lors de la conférence de presse, un journaliste taquin demande si les lois sociales françaises voulues par les socialistes vont s'appliquer à Monaco. Le président Mitterrand s'en sort en rappelant que ce n'est pas de son ressort, mais que c'est un objet de conversation entre les deux chefs d'État. Le lendemain, avant de quitter la principauté, Mitterrand se rend avec son épouse Danièle au musée océanographique, sous la houlette du commandant Cousteau. La question de la protection des mers est évoquée.

La dimension maritime du "Rocher"

Dernière grande visite : en 1997, le président Chirac effectue une visite officielle à Monaco. Il vante les mérites du prince Rainier dans la splendeur acquise par ce "Rocher sauvage". On devine les intérêts économiques derrière cette formule. Monaco a bien les pieds sur terre, mais son regard est tourné vers la mer. La visite du président Macron, qui consacre son voyage à la situation des océans, s'inscrit dans cette autre dimension.

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