L'union des cultes contre le texte sur "l’aide active à mourir"

La fin de vie est au cœur des discussions et des débats à l'Assemblée, mais plusieurs religions s'allient et luttent contre cette réforme qu'ils qualifient de "basculement radical".

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une mobilisation à Paris le 12 mai 2025 durant les débats à l'Assemblée nationale sur la proposition de loi relative à la fin de vie (photo d'illustration). (LE PARISIEN / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)
Une mobilisation à Paris le 12 mai 2025 durant les débats à l'Assemblée nationale sur la proposition de loi relative à la fin de vie (photo d'illustration). (LE PARISIEN / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

L’Église bat le rappel de ses ouailles. La Conférence des évêques de France appelle ses fidèles à se mobiliser pour faire pression sur les parlementaires et bloquer un texte qui "remettrait en cause le respect dû à toute vie humaine". Des lettres adressées aux députés, des affiches placardées dans les lieux de culte, des réunions publiques, tous les moyens sont bons pour sonner le tocsin.

Les cultes font front commun. Vendredi 16 mai, les porte-parole de six religions, catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, musulmans et bouddhistes étaient rassemblées au sein de la conférence des représentants des cultes. Ils ont co-signé un texte pour dénoncer une réforme qui opère "un basculement radical" en instaurant "une culture de la mort". Dans une tribune publiée dans Le Figaro, le grand rabbin Haïm Korsia a même assimilé le texte sur l’aide active à mourir au rétablissement de la peine de mort "sous une autre forme". Bref, c’est l’union sacrée.

Une unanimité qui n’est pas inédite

Les mêmes cultes se sont opposés, main dans la main, au fil du temps, à la légalisation de l’IVG, puis, plus près de nous, au mariage homosexuel, et enfin à l’extension de la PMA à toutes les femmes. Avec, à chaque fois, une formule glaçante, exhumée à propos de la fin de vie : ces réformes portent un danger de "rupture anthropologique", c’est-à-dire une menace civilisationnelle. Une position partagée par la quasi-totalité des Églises dans le monde. En Espagne, la conférence épiscopale avait accusé l’État d’être "coupable d’homicide" lors de l’adoption d’une loi légalisant l’euthanasie en 2021. Deux ans plus tard, son homologue portugaise s’était indignée d’un "recul de civilisation", même chose au Canada ou en Nouvelle-Zélande. Il n’y a guère que certaines Églises anglicane ou protestante, par exemple aux Pays-Bas, qui considèrent que l’euthanasie peut, selon les cas, relever d’un choix individuel.

À l’Assemblée, le débat doit durer encore une semaine. Ce qui frappe au fond, c’est le contraste entre des Églises qui font bloc au nom du dogme, de la foi dans le caractère sacré de la vie qui n’appartient pas, selon elles, à l’individu, et des débats parlementaires pour l’heure, sereins et apaisés. À l’Assemblée, les camps ne sont pas figés, chaque groupe laisse ses membres s’exprimer en conscience. Et les échanges sont, pour l’heure, respectueux et nuancés. Une pratique qui, il faut l'avouer, n’est pas commune depuis la dissolution.

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