Édito
Vote de confiance : sans fusible, Emmanuel Macron risque de se retrouver en première ligne

Si, ce qui semble le plus probable actuellement, François Bayrou n'obtient pas le 8 septembre la confiance de l'Assemblée nationale, le président de la République va se retrouver directement exposé. Au cœur de la tempête.

Article rédigé par Paul Barcelonne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président français Emmanuel Macron participe à une réunion avec le président américain Donald Trump, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et les dirigeants européens à la Maison Blanche le 18 août 2025. (WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)
Le président français Emmanuel Macron participe à une réunion avec le président américain Donald Trump, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et les dirigeants européens à la Maison Blanche le 18 août 2025. (WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

La pression se retrouve sur les épaules d'Emmanuel Macron, après l'annonce de François Bayrou de demander la confiance de l'Assemblée le 8 septembre. Bientôt sans fusible, le chef de l’État se retrouve en première ligne. "Moi, je suis fait pour les tempêtes", confiait le président de la République à l’écrivain Emmanuel Carrère, cet été dans Le Nouvel Obs. Le voilà servi.

L’annonce de François Bayrou a surpris beaucoup de monde, mais pas lui. Il était dans la confidence. Emmanuel Macron aurait pu refuser. Il a validé l’idée, même s’il a tout de suite compris que l’affaire était mal engagée. Autrement dit, s’il s’agit d’un suicide politique, le Président en est le complice, d’autant que tout ce qui se passe politiquement dans le pays est une conséquence directe de la dissolution. Alors, comment va-t-il réagir aujourd’hui au Conseil des ministres – ou conseil des condamnés ? Avec orgueil ou fatalisme ? Tentera-t-il un coup d’éclat ou restera-t-il immobile ?

Schématiquement, le président de la République a trois options à sa disposition. La plus improbable reste un départ via une démission. Emmanuel Macron a toujours exclu de claquer la porte, ce n’est pas dans son tempérament. Mais que peut faire un animal blessé ? Un président acculé et détesté ? Les insoumis réclament sa destitution. Deuxième option, la plus plausible, si François Bayrou chute, Emmanuel Macron nomme un nouveau Premier ministre.  Les mêmes noms circulent toujours : Sébastien Lecornu ? Gérald Darmanin ? Une figure des Républicains ? C’est une affaire de casting, le président a peut-être déjà son idée. Enfin, la dissolution reste la troisième option. Il ne faut pas écarter cette hypothèse, assure Gérald Darmanin. Dans ce qu’il dit, tout est factuel. La dissolution est une arme constitutionnelle. Officiellement, le président de la République aimerait ne pas s’en servir, mais il ne se privera pour rien au monde de ses prérogatives.

Un véritable casse-tête


Si cette fois la dissolution semble plutôt justifiée par le blocage complet des institutions, elle ne garantit absolument pas la victoire, la clarté et la majorité. Au passage, c’est le Rassemblement national qui la demande le plus ouvertement. Faut-il lui céder, au risque qu’il remporte les législatives, même sans Marine Le Pen sur la ligne de départ ?


Un François Bayrou renversé mettrait le président de la République quasiment à nu ! Seul face à la rue. Le 10 septembre n’a pas disparu comme par enchantement. Si François Bayrou tombe l’avant-veille, Emmanuel Macron deviendra le visage contesté de la mobilisation, seul, en première ligne. Les déclarations d’amour de la semaine dernière à son toujours Premier ministre – ami, compagnon de route, capable de rester jusqu’en 2027 – ont mal vieilli. Lui a-t-il porté la poisse ? Évoquer les options de l’après a fait bondir l’entourage du président. Se concentrer sur la suite des événements est une "maladie létale" pour la démocratie, ose un conseiller. Est-ce à dire qu’Emmanuel Macron n’y songe jamais ? Ou qu’il n’a pas de plan ?

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