Édito
Rapport sur les Frères musulmans : quand Macron fait la leçon à Retailleau et Darmanin

Le président de la République a réuni mercredi à huis clos un conseil de défense pour se pencher sur un rapport qui dissèque "l’entrisme des Frères musulmans dans la société française". Et il s’est fendu d’un sévère rappel à l’ordre.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Gérald Darmanin, le ministre de la Justice (à gauche), Bruno Retailleau (au centre), le ministre de l'Intérieur et Emmanuel Macron (à droite), lors d'un déplacement à Nanterre, le 14 mai 2025. (LUDOVIC MARIN / POOL / MAXPPP)
Gérald Darmanin, le ministre de la Justice (à gauche), Bruno Retailleau (au centre), le ministre de l'Intérieur et Emmanuel Macron (à droite), lors d'un déplacement à Nanterre, le 14 mai 2025. (LUDOVIC MARIN / POOL / MAXPPP)

Le sens de l’État contre les petits coups de com’ ! Le président a fait la leçon à ses ministres, mercredi 21 mai lors d'un conseil de défense. La gravité du sujet à l’ordre du jour, la menace islamiste, et au-delà, la protection des Français, nécessite, selon lui, un peu plus de sérieux et de hauteur de vues.

Dans son viseur, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, coupable d’avoir fait fuiter ce rapport classé secret-défense dans Le Figaro, et son collègue garde des Sceaux, Gérald Darmanin, qui avait claironné dans le Journal du dimanche sa volonté d’ouvrir une prison de haute sécurité en Guyane pour accueillir 500 prisonniers particulièrement dangereux, avant de rétropédaler face au tollé en excluant l’envoi de détenus venant de l’Hexagone.

Emmanuel Macron est fâché de cette communication brouillonne et intempestive. Il a donc réclamé un changement de méthode pour "remettre les choses dans l’ordre". Son film préféré, c’est les Tontons flingueurs. Il en connaît les répliques par cœur. Disons qu’il a voulu rappeler aux frères Volfoni, Retailleau et Darmanin, "qui c’est Raoul !"

Retailleau, Philippe, Attal... Objectif 2027

À deux ans de l’échéance, les nombreux prétendants à la succession d’Emmanuel Macron piaffent déjà de tourner la page. Le plébiscite de Bruno Retailleau à la tête de LR a accéléré le mouvement. Ce qu’a montré la sortie d’un de ses soutiens, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, en annonçant la fin du macronisme. Le président exige donc que ses ambitieux ministres choisissent entre la gestion des affaires de l’État et les "coups politiques" individuels, à la manière d’un Gabriel Attal qui lui, n’est plus au gouvernement.

Et c’est parce qu’il l’exhorte à travailler pour le pays, plutôt qu’à faire sa promotion que le président a retoqué les premières propositions avancées mercredi par Bruno Retailleau pour contrer l’entrisme des Frères musulmans. À charge pour le ministre d’en proposer d’autres, plus efficaces, lors d’un prochain Conseil de défense début juin.

Mais ce rappel à l’ordre ne sert à rien. La preuve, la réponse de Bruno Retailleau dans cette longue interview, une de plus, dans les colonnes du Parisien-Aujourd’hui France. Il y avance ses propositions contre l’islamisme et prévient que les ministres LR quitteront le gouvernement "si leurs convictions ne sont plus respectées". Le divorce est programmé entre le chef de l’État et ceux qui rêvent de lui succéder. Tous, à des degrés divers, vont prendre leurs distances avec son bilan, comme le fait déjà Édouard Philippe, ou promettre d’enterrer le "en même temps macroniste", ce que dit Bruno Retailleau. Emmanuel Macron peut essayer de freiner le temps qui passe, il ne pourra ni l’arrêter, ni revenir en arrière. La machine à remonter le temps, c’est dans Retour vers le futur, pas dans Les Tontons flingeurs.

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