Édito
Présidentielle : pourquoi la présence d’un candidat RN au second tour n’étonne plus

Le 21 avril est une date symbolique dans l’histoire politique contemporaine de notre pays : il y a 23 ans, avec un peu moins de 17% des voix, Jean-Marie Le Pen devançait Lionel Jospin, et l’extrême droite se qualifiait pour la première fois pour le second tour de l’élection présidentielle. Depuis, la performance s’est banalisée.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Jean-Marie Le Pen, le 21 avril 2002, à l'annonce de sa qualification pour le second tour de l'élection présidentielle. Une première dans l'histoire du Rassemblement national. (ERIC FEFERBERG / AFP)
Jean-Marie Le Pen, le 21 avril 2002, à l'annonce de sa qualification pour le second tour de l'élection présidentielle. Une première dans l'histoire du Rassemblement national. (ERIC FEFERBERG / AFP)

Marine Le Pen, a répété à deux reprises, en 2017 puis en 2022, la performance réalisée par son père, le 21 avril 2002, de parvenir au second tour de la présidentielle, avec des scores toujours plus élevés : 21 puis 23% au premier tour, 33 puis 41% au second. Il y a 23 ans, Jean-Marie Le Pen s’était glissé presque subrepticement jusqu’au tour final. Tout le monde pronostiquait alors un duel entre Jacques Chirac et Lionel Jospin, et la presse, pas plus que ses adversaires, n’avaient prêté attention à la campagne du fondateur du FN.


 
Aujourd’hui, c’est l’inverse. À deux ans du prochain scrutin élyséen, toute la vie politique française tourne autour du Rassemblement national et de Marine Le Pen. Pourra-t-elle concourir ? Jordan Bardella la remplacera-t-elle si sa condamnation pour détournement de fonds publics est confirmée en appel ? Avec quelles conséquences sur le résultat ? Au fond, la présence de l’extrême droite au second tour semble acquise. La principale incertitude est de savoir quel candidat issu du bloc central, de la droite, ou de la gauche serait en mesure de battre le RN second tour.

2002, un tour de chauffe

Pourquoi un tel basculement ? Parce que le vote d’extrême droite est d’abord un thermomètre qui mesure les désordres du monde contemporain. Or, depuis quelques années, la fièvre identitaire qui s’est emparée de nos démocraties libérales alimente les succès des candidats populistes, aux États-Unis comme en Europe. De ce point de vue, la campagne de 2002, sur fond de surenchère sécuritaire, fait figure de tour de chauffe. Elle avait été percutée par l’impact des attentats de Ben Laden le 11-Septembre en 2001.

Depuis, la mondialisation a pris une nouvelle ampleur démographique et économique, et bousculé l’ordre établi des sociétés occidentales. Les flux croissants de population et de marchandises ont attisé des angoisses et des attitudes de repli identitaire qui se traduisent, dans les urnes, par une progression quasi continue de l’extrême droite. Cet air du temps, qui sert Marine Le Pen, Giorgia Meloni ou Donald Trump, a poussé certains observateurs à changer leur regard sur le RN, à le banaliser. 

Pourtant, par-delà quelques changements cosmétiques, s’il y a une chose qui n’a pas varié depuis le 21 avril 2002, c’est bien la nature de ce parti d’extrême droite : son programme, toujours assis sur le principe discriminatoire dit de "préférence nationale", son manque de cadres compétents, sa désorganisation interne, et son leadership, à jamais familial, aux mains des Le Pen, père et fille, depuis 53 ans.

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