Édito
Loi "simplification": l’Assemblée nationale enclenche la marche arrière sur les ZFE

La commission spéciale chargée d'étudier le projet de loi de "simplification" a voté mercredi la suppression des "Zones à faibles émissions" (ZFE), censées pousser les automobilistes à acheter des véhicules moins polluants. Plus question de braquer les automobilistes.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Panneau d'entrée dans une ZFE à Rennes, le 1er janvier 2025. (THOMAS BR?GARDIS / OUEST-FRANCE / MAXPPP)
Panneau d'entrée dans une ZFE à Rennes, le 1er janvier 2025. (THOMAS BR?GARDIS / OUEST-FRANCE / MAXPPP)

Les députés ont voté mercredi 26 mars la suppression du dispositif phare supposé exclure des villes les véhicules les plus polluants et les fameuses ZFE - zones à faible émission - ont du plomb dans l’aile. Leur suppression a été approuvée mercredi lors de l’examen en commission d’une loi dite de "simplification" par une majorité de députés LR, RN, mais aussi des macronistes, des membres des groupes Horizons et Liot, et grâce au coup de pouce de certains élus de gauche qui se sont abstenus. Le texte doit encore être débattu dans l’hémicycle, mais il semble bien que l’on assiste à l’enterrement programmé d’une mesure mal ficelée, mal vendue et mal défendue. Ce dispositif cumule une somme d’inconvénients qui le conduisent à sa perte. Le but est louable, exclure les véhicules les plus polluants des zones urbaines pour améliorer la qualité de l’air. Sauf que depuis la création des ZFE en 2019, ni les gouvernements, ni les élus n’ont fait la pédagogie. Au contraire, ils n’ont cessé de se déchirer.

Les maires reprochent à l’État des mesures d’accompagnement trop faibles pour développer des réseaux de transports publics alternatifs, ou aider les automobilistes à acheter un véhicule neuf, voire électrique. Le risque d’une nouvelle fracture sociale est apparu, la colère a enflé au fil de pétitions qui dénoncent une "chasse aux pauvres" exclus des grandes villes. Et de reculs en dérogations, le dispositif est devenu illisible. Depuis le 1er janvier, les ZFE ont été étendues, sur le papier, aux 42 agglomérations de plus de 150.000 habitants, mais elles ne sont obligatoires qu’à Paris et Lyon et seule la capitale a banni les véhicules classés Crit’Air 3 – essence avant 2006 et diesel avant 2011. Tout en repoussant les premières verbalisations à 2026. C’est dire si les ZFE sont au point mort.

Des priorités différentes

La cause environnementale n’est plus vraiment dans l’air du temps. Que pèsent les statistiques de Santé publique France, 40 000 décès prématurés par an à cause de la pollution de l’air, quand la menace russe fait planer un risque de guerre et impose à l’Europe un gigantesque effort de réarmement ? Sans compter l’approche des municipales de mars 2026 qui réveille chez les élus le traumatisme du mouvement des gilets jaunes déclenché par la hausse de la taxe carbone. Pas le moment de s’en prendre aux automobilistes, ni en France, ni en Europe.

Au vu de la crise des constructeurs, Ursula von der Leyen vient d’appuyer sur la pédale de frein en renonçant aux amendes qui devaient frapper ceux qui ne respectent pas les niveaux d’émission de CO2. En attendant la prochaine grande bataille politique autour de la voiture : l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs dans dix ans.

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