Édito
Dans la conquête de LR, qui a l’avantage dans le duel Wauquiez-Retailleau ?

Bruno Retailleau a présenté jeudi son bilan de six mois en tant que ministre de l’Intérieur, un exercice d’autosatisfaction avant l'élection du président des Républicains en mai. Face à lui, Laurent Wauquiez, en "challenger", adopte une posture plus radicale, prêt à tout pour prendre l'ascendant.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a donné une conférence de presse pour présenter le bilan de ses six premiers mois place Beauvau, Paris, le 10 avril 2025. (ALAIN JOCARD / AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a donné une conférence de presse pour présenter le bilan de ses six premiers mois place Beauvau, Paris, le 10 avril 2025. (ALAIN JOCARD / AFP)

Bruno Retailleau s’est offert le 10 avril une conférence de presse pour célébrer le bilan de ses six premiers mois place Beauvau, un exercice d’autosatisfaction un peu précoce. Six mois place Beauvau, ce n’est pas bien long. Pour un mariage, on parle de "noces de tulle", le tissu vaporeux et transparent, qui n’a même pas la solidité des "noces de coton", au bout d'un an !

Seulement, Bruno Retailleau est un homme pressé. L’échéance qui le préoccupe, c’est dans six semaines à peine, le vote des militants qui vont désigner le nouveau président de LR, les 17 et 18 mai. Et dans le duel sans pitié qui l’oppose à Laurent Wauquiez, il veut profiter au maximum de son principal atout, celui d‘être ministre de l’Intérieur. Le poste lui a permis de décoller dans les sondages au point d’apparaître comme un présidentiable crédible. Bruno Retailleau s’octroie même le mérite des récents succès de la droite lors de quelques élections législatives partielles. On n’est jamais si bien servi que par soi-même et il n’a donc pas manqué de vanter son bilan en matière de lutte contre la délinquance, le narcotrafic ou l’immigration illégale.

Une position plus simple pour Laurent Wauquiez

Pourtant, sa situation n'est pas aussi confortable que cela et son adversaire pour la présidence des Républicains, fait mine de le déplorer. À en croire Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau n’aurait pas les mains suffisamment libres au sein de ce gouvernement que le chef de file des députés LR est pourtant supposé soutenir. Plus surprenant, le ministre de l’Intérieur lui-même a confessé le 10 avril : "Demain, si nous pouvions avoir les rênes, nous pourrions tellement faire…". C’est le revers de sa méthode qui consiste à communiquer beaucoup, et parfois trop. Comment sauver la face quand on a mis la barre trop haut ? Il vient d’en faire les frais sur le dossier algérien. Après avoir menacé de démissionner s’il n’obtenait pas gain de cause sur le renvoi des ressortissants visés par des OQTF et réclamé la révision des accords de 1968, le locataire de Beauvau a dû en rabattre quand Emmanuel Macron a renoué avec le président Tebboune pour recoller les morceaux avec Alger.

La position de Laurent Wauquiez est plus simple, c’est celle du "challenger" qui n’a plus rien à perdre, l’opposant qui peut tout se permettre, sans se soucier du réel. On l’a vu cette semaine quand il a proposé d’envoyer les étrangers sous OQTF à 4 300 kilomètres de l’hexagone… jusqu’à Saint-Pierre-et-Miquelon. La suggestion a même suscité les railleries de Marine Le Pen. En campagne, prêt à tout ou presque, Jacques Chirac avait jadis une formule : "Je vous surprendrai par ma démagogie". Nicolas Sarkozy aimait faire dans "le gros rouge qui tâche". Pas sûr que la piquette de Laurent Wauquiez soit la recette qui gagne.

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