Édito
Affaibli depuis la dissolution ratée, Emmanuel Macron remet le nez dehors pour retrouver un peu d’influence

Déplacement dans les Haut-de France ou au Louvre, le président de la République multiplie, en cette fin janvier, les initiatives pour ne pas être ramené à un rôle de figurant aux yeux de l'opinion.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron prononce un discours au pôle culturel d'Aulnoye-Aymeries, dans le nord de la France, le 29 janvier 2025. (LUDOVIC MARIN / POOL)
Emmanuel Macron prononce un discours au pôle culturel d'Aulnoye-Aymeries, dans le nord de la France, le 29 janvier 2025. (LUDOVIC MARIN / POOL)

Journée décisive à l’Assemblée avec la commission mixte paritaire, jeudi 30 janvier, sur le budget dans une ambiance de tempête politique qui menace François Bayrou. Et pendant-ce temps-là, Emmanuel Macron se promène. Le chef de l’État remet le nez dehors. Ce n’est pas vraiment la météo qui l’incite à prendre l’air, plutôt le besoin de retrouver un peu d’activité et d’influence sur la scène intérieure. Mercredi, il s’est rendu dans les Hauts-de-France, au chevet d’un plan de relance économique de la région qu’il avait lui-même initié il y a six ans. La veille, il était allé au musée, au Louvre, initier un chantier de rénovation du site baptisé "nouvelle Renaissance".

Comme un vœu pieux qu’il s’adresserait à lui-même. Car le Louvre, c’est là où tout avait commencé, en 2017, avec son discours de victoire. Du haut de la Pyramide, depuis le crash de la dissolution ratée, une somme de désillusions le contemplent. Emmanuel Macron a beau recevoir de nombreux ministres, il désespère de faire de la figuration aux yeux de l’opinion. Ces déplacements, c’est donc une sorte de thérapie, une forme de rééducation. 

Officiellement, à l’Élysée, on répète toujours le même refrain : "Le gouvernement gouverne et le Président… préside". C’est-à-dire que le président de la République… regarde François Bayrou, ce Premier ministre qui n’était pas son premier choix, agir et se débattre avec les oppositions, séduire les uns, fâcher les autres, et tenter de réussir là où son prédécesseur, Michel Barnier a échoué : boucler un budget et échapper à la censure. En fait, Emmanuel  Macron essaye de s’inventer un personnage à double face, incarnation de "l’unité de la Nation" d’un côté, porte-parole du terrain, au plus près des préoccupations quotidiennes des Français de l’autre.

Une côte de popularité au plus bas


 Le risque, c’est que ces déplacements prennent l’allure d’une longue tournée d’adieu, propice à dresser son bilan, plus de deux ans avant la fin de son mandat. Alors, Emmanuel Macron se fait aussi instance de recours pour les mécontents du gouvernement, donnant raison aux sportifs qui se mobilisent pour sauver leur budget, aux patrons qui râlent contre la hausse des taxes, et même aux automobilistes qui veulent payer au péage avec leur téléphone.

Pour l’heure, sans succès. Il continue de s’enfoncer dans les sondages et vient de battre son record d’impopularité depuis 2017 avec seulement 21 % de Français satisfaits. La route de la reconquête est peut-être droite, mais elle est surtout longue, très longue, et la pente est forte, très forte.

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