Comment les pictogrammes indiquant les toilettes renforcent les stéréotypes de genre ?

À l'origine créés pour protéger les femmes des hommes malintentionnés, les pictogrammes alimentent désormais les stéréotypes de genre.

Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une série de pictogrammes indiquant des toilettes. (photo d'illustration). (SEBASTIEN JARRY / MAXPPP)
Une série de pictogrammes indiquant des toilettes. (photo d'illustration). (SEBASTIEN JARRY / MAXPPP)

Les pictogrammes désignant les toilettes sur les portes au fond des restaurants, dans les cafés, ou dans les salles d'attente ont été créés pour permettre de signaler et de séparer les toilettes. D'un côté, on retrouve les hommes en pantalon et de l'autre, les femmes en robe. Or, comme le raconte le psychiatre français Serge Tisseron, dans le livre Au fond du couloir à gauche, aux éditions Armand Colin, "les pictogrammes ont reflété et alimenté les stéréotypes de genre pendant des décennies".

Pour le prouver, il a photographié les pictogrammes de lieux d'aisance dans plusieurs pays, en France, mais aussi aux États-Unis. Il y a donc observé des pantalons et des jupes, mais aussi des silhouettes aux épaules larges, inspirant la force pour les hommes et des silhouettes aux bassins larges, inspirant la maternité ou la séduction pour les femmes. Il y a aussi des gants ou des chaussures à talon pour les femmes et des revolvers pour les hommes. Donc, on retrouve la force et la violence pour les hommes et la douceur et la délicatesse pour les femmes.

Jadis, un outil de protection

Au début du XXe siècle, les toilettes séparées se sont développées parce que les femmes ont commencé peu à peu à sortir de leur cuisine et à investir l'espace public et il fallait donc les protéger des hommes. À l'origine, les mots hommes et femmes étaient affichés sur les portes, mais pour les voyageurs étrangers, il était difficile de se repérer. C'est de là qu'est venue l'idée d'apposer sur les portes des toilettes des images lues universellement et c'est au Japon, pour les Jeux olympiques de 1964 qu'ils se sont démocratisés.

Évidemment, les habitudes et les comportements des hommes et des femmes ont beaucoup changé, et pourtant, les pictogrammes continuent de marquer l'imaginaire collectif et influencent des représentations très stéréotypées.

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