Le "miracle" économique du Portugal, qui prévoit un nouvel excédent budgétaire

Ce sont des résultats à faire pâlir d'envie un fonctionnaire de Bercy. À l'heure où la France est empêtrée dans la crise politique, et se demande comment voter un budget sur fond de dérapages budgétaires, le Portugal confirme, en ce moisd 'octobre, son insolente santé économique, en s'apprêtant à finir l'année avec un excédent budgétaire, dans la lignée des bons résultats obtenus ces dernières années.

Depuis 2023, le Portugal parvient à faire entrer plus d'argent qu'il n'en dépense dans les caisses de l'État, ce qui est inédit depuis l'avènement de la démocratie dans le pays, et qui acte le redressement spectaculaire des finances publiques. De quoi provoquer un cercle vertueux, avec une dette qui a reculé de plus de 30 points de PIB en 10 ans, des conditions d'emprunts de plus en plus favorables sur les marchés, des baisses du chômage ou de l'impôt sur le revenu, quand le salaire minimum augmente, lui, de plus de 5%...

Un rétablissement spectaculaire en 15 ans

Face à cette situation, il est permis de parler de "miracle", quand on se souvient d'où vient le pays. Le Portugal faisait partie des plus touchés par la crise des dettes souveraines en 2010. À l'image d'autres pays du sud, qualifiés de "Club Med" à l'époque, le Portugal était au bord du gouffre, sous surveillance de la troïka (FMI, BCE et Commission européenne), et soumis à une sévère cure d'austérité imposée.

Après cette période de vache maigre, le Portugal a su rebondir, en maintenant des mesures drastiques pour ses dépenses publiques, mais en adoptant aussi des politiques pour faire entrer des recettes, et surtout pour doper l'attractivité du pays, en misant sur ses atouts, avec par exemple des avantages fiscaux pour attirer les étrangers, à l'image des retraités français, nombreux à y élire domicile.

Des inégalités toujours présentes

La recette a payé, l'économie a redécollé, mais la médaille a tout de même quelques revers, et tous les Portugais ne profitent pas de ce redressement. Le principal point noir concerne le logement, avec des prix de l'immobilier qui ont bondi de près de 75% en 10 ans, sous l'effet du tourisme de masse, des locations de type AirBnb, et l'installation de ressortissants étrangers plus aisés.

Ajoutée à des coupes sévères dans l'éducation ou la santé, cette hausse considérable rend le quotidien de la population bien plus contrasté que ne le laissent apparaître les bons chiffres de l'économie. Le pays voit sa jeunesse continuer à s'exiler. Un tiers des Portugais de 15 à 39 ans qui vivent à l'étranger.

Le Portugal est enfin le pays le pays qui bénéficie le plus des fonds européens, au point d'être dans une situation de dépendance sur ses investissements publics. Un soutien qui a permis au pays de se développer, mais qui ne sera peut-être pas éternel à un tel niveau.