L’aide humanitaire, enjeu central à Gaza

Un nouveau mécanisme israélo-américain se met en place pour permettre que la distribution de l'aide humanitaire reprenne. Mais sans l'ONU qui dénonce un manque d'impartialité, d'indépendance et de compétence.

Article rédigé par Sébastien Laugénie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une fillette palestinienne dans un camp de réfugiés dans le nord de la bande de Gaza, le 2 mai 2025. (MOHAMMED SABER / EPA / VIA MAXPPP)
Une fillette palestinienne dans un camp de réfugiés dans le nord de la bande de Gaza, le 2 mai 2025. (MOHAMMED SABER / EPA / VIA MAXPPP)

"Ce que fait aujourd'hui le gouvernement de Benjamin Netanyahu est une honte", une phrase-choc prononcée mardi 13 mai sur TF1 par Emmanuel Macron. Le chef de l’État y dénonçait le blocage de l’aide humanitaire à Gaza par Israël depuis plus de deux mois.

Ces derniers jours, l’aide humanitaire dans l'enclave palestinienne est l’objet d’intenses controverses et de tractations internationales. Bloquée depuis plus de deux mois, elle est devenue ces derniers jours un moyen de pression politique central pour les deux côtés. Côté israélien, le gouvernement Netanyahou a un objectif principal : réduire les capacités du Hamas, accusé de profiter de l'aide humanitaire, afin de l'obliger à délivrer la soixantaine d'otages encore retenus. Côté palestinien, le Hamas exige la levée du blocus humanitaire avant de reprendre toutes négociations sur les otages.

Les États-Unis inquiets à leur tour

On en est là, dans une impasse totale. Et pendant ce temps, sur le terrain, la situation ne cesse de se dégrader. La famine menace la population comme jamais depuis le 7-Octobre. L'État hébreu est accusé d'utiliser la faim comme arme de guerre. Ce constat dramatique est contesté par le gouvernement de Benjamin Netnyahou mais confirmé pour la première fois, par des officiers de l'armée elle-même, selon des témoignages anonymes recueillis cette semaine par le New York Times.

Ce qui est nouveau, c'est que les États-Unis commencent aussi à s'inquiéter. Ils font désormais pression sur Israël pour que l'aide humanitaire reprenne enfin mais avec un nouveau mécanisme, a confirmé jeudi le secrétaire d'État Marco Rubio. "Nous sommes préoccupés par la situation humanitaire. Les Israéliens, avec l'appui des États-Unis, ont proposé un plan pour acheminer l'aide sans qu'elle soit détournée par le Hamas. J'ai entendu des critiques à l'égard de ce plan. Nous sommes ouverts à toute alternative si quelqu'un en propose une meilleure, a-t-il lancé, favorable à toute aide qui peut-être apportée sans que le Hamas puisse la voler à la population".

Contourner l'ONU

Le plan israélo-américain consiste en fait à contourner l'ONU, en s'appuyant sur une toute nouvelle structure, créée il y a trois mois à peine, et soutenue par les États-Unis. Elle s'appelle la Fondation humanitaire pour Gaza et prévoit d'ici 10 jours, la distribution de près de 300 millions de repas pour une période initiale de 90 jours. Mais son fonctionnement est très controversé. 

La fondation s'appuie, pour le moment, sur seulement quatre énormes entrepôts de nourriture. Des centres hypersécurisés par des sociétés privées américaines, obligeant les populations à un contrôle très strict. L'ONU a refusé de s'y associer, accusant cette structure de manquer d'impartialité, d'indépendance, de compétence. Il y a pourtant urgence. Israël menace de lancer une nouvelle offensive de très grande ampleur à partir de vendredi 16 mai.

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