Croissance au beau fixe, hausse du salaire minimum... La santé éclatante de l'économie espagnole

Portée par une fréquentation touristique record et la hausse de la consommation intérieure, la quatrième économie de la zone euro affiche un taux de croissance insolent et augmente son salaire minimum, à contrecourant de la morosité européenne.

Article rédigé par Louise Bodet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le tourisme représente 7% des emplois en Espagne et génère 13% du PIB (photo d'illustration, le 11 novembre 2023) (FCAFOTODIGITAL / ISTOCK UNRELEASED)
Le tourisme représente 7% des emplois en Espagne et génère 13% du PIB (photo d'illustration, le 11 novembre 2023) (FCAFOTODIGITAL / ISTOCK UNRELEASED)

Quelque 3,2% de croissance du PIB en 2024 contre 0,8% pour la zone euro et 1,1% en France. Les chiffres provisoires de comptabilité nationale publiés en Espagne mercredi 29 janvier sont éloquents. Le rythme de progression du PIB espagnol est quatre fois supérieur à la moyenne de l'UE, et l'Espagne est l'exception qui confirme la règle en Europe. Elle prend sa revanche après la crise financière de 2008 et la pandémie de covid. La quatrième économie de la zone euro est même en tête du classement des économies les plus performantes des pays de l'OCDE, devant l'Irlande et le Danemark. Le tableau a ses zones d'ombre et le modèle de développement touristique et agricole de l'Espagne la rend particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique, mais au jeu des comparaisons avec ses voisins européens, le verre est largement plus plein que vide.

Cette santé éclatante vient d'abord d'une saison touristique record. Quelque 94 millions de visiteurs étrangers en 2024, le secteur représente 17% des emplois en Espagne et génère 13% du PIB. Par ailleurs, les Espagnols consomment. Poussés par la baisse de l'inflation et les hausses de salaires, les exportations progressent aussi, ans oublier les dizaines de milliards du plan de relance européen post-Covid, dont le pays est le premier bénéficiaire. 

Résultat, le chômage est à son plus bas niveau depuis 2008. Les chiffres de l'emploi, publiés mardi, signalent pourtant, eux aussi, une dynamique solide. L'Espagne a créé près de 500 000 emplois en 2024 et le chômage a été ramené à 10,6%, un niveau jamais vu depuis 2008. Madrid devrait pouvoir ramener son déficit public sous la barre des 3% du PIB en 2025, pour la première fois depuis sept ans. N'en jetez plus, le gouvernement s'est payé cette semaine le luxe d'annoncer une nouvelle revalorisation de 4,4% du salaire minimum. Soit un gain de 700 euros annuels pour 2,5 millions d'Espagnols. Au total, ce salaire minimum a augmenté de 61% depuis l'arrivée au pouvoir de Pedro Sánchez en 2018.

Le rôle favorable joué par l'immigration 

C'est là une autre originalité du voisin espagnol, il est gouverné par un Premier ministre socialiste. Pedro Sanchez, dernier Mohican de la gauche européenne, dans un pays qui échappe à la vague d'extrême droite. Vox reste loin derrière le PSOE et le Parti populaire. Le pouvoir du Premier ministre socialiste est cependant fragile, et l'horizon politique incertain. Faute de majorité, le gouvernement n'a toujours pas présenté, comme la France, de budget pour 2025. C'était déjà le cas en 2024. Pedro Sanchez doit louvoyer, et composer notamment avec les indépendantistes, pour faire passer ses réformes et se maintenir au pouvoir. 

Dernière singularité, le Premier ministre espagnol est favorable à l'immigration et il assume de le dire. L'immigration porte la croissance démographique espagnole. L'économie a besoin des 700 000 immigrés entrés ces trois dernières années sur le marché du travail, dans l'agriculture, l'hôtellerie ou la construction. Un discours pour le moins original sur la scène politique européenne et outre-Atlantique. 

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