La liberté d'expression questionnée en Scandinavie, 10 ans après l'attentat de "Charlie Hebdo"
Les nombreux autodafés du Coran ont conduit le Danemark à interdire la dégradation publique d'objets religieux et la Suède à rouvrir les débats autour des limites de la liberté d'expression dans le pays.
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Dix ans après le massacre qui a touché la rédaction de Charlie Hebdo, le délit de blasphème a quasiment fait son retour en Scandinavie par le biais de l’interdiction des dégradations publiques d’objets religieux au Danemark. Les nombreux autodafés de Coran ont changé la loi et aussi questionné les limites de la liberté d’expression en Suède. Alors, la liberté d’expression a-t-elle évolué en Scandinavie depuis les attentats de Charlie Hebdo ?
On n’est pas près de revoir des caricatures de Mahomet dans les pages du Jyllands-Posten de sitôt. Pour rappel, en 2005, ce journal danois avait alors publié 12 pastiches du prophète, dessinés de la main de Lars Vilks, caricaturiste suédois et militant de la liberté artistique. Charlie Hebdo avait d’ailleurs volé à son secours, lui démontrant un soutien sans faille face à la controverse internationale que cela avait suscitée. Mais c’était en 2005, depuis, les temps ont changé, la liberté aussi.
Danemark : une loi criminalise les "traitements inappropriés" de textes religieux
Depuis, le Danemark s'est doté d’une nouvelle loi criminalisant les "traitements inappropriés" de textes ayant une signification religieuse importante. Cette loi date du 7 décembre 2023, elle interdit la dégradation publique d’objets religieux. Il est interdit de brûler, souiller ou profaner le Coran, ou n'importe quel livre religieux d'ailleurs. Sinon, on s’expose à deux ans d’emprisonnement. Charlie a tout de suite critiqué cette loi, y voyant le retour du blasphème. L’hebdomadaire satirique français est pourtant reparti en croisade pour la liberté d’expression dans le pays scandinave. Il avait lancé un appel pour "alerter les citoyens attachés aux valeurs démocratiques" et tenter d'empêcher cette loi. Mais l’appel est, visiblement, resté manqué. Le journal a dénoncé une "loi de circonstance". Ces dernières années, en effet, le Coran a été brûlé publiquement à de nombreuses reprises au Danemark, mais aussi et surtout en Suède.
Suède : la liberté d'expression instrumentalisée à des fins islamophobes
L’actualité suédoise a été rythmée ces deux dernières années par ces autodafés de Coran. Mais la Suède n’a pas encore légiféré sur le sujet. Par contre, cela a rouvert des débats dans la société autour de la question : "jusqu'où peut aller la liberté d'expression ?". Une valeur qui est une véritable pierre angulaire dans le royaume. Sauf que ces autodafés à l'époque ont eu de grosses répercussions diplomatiques. Le Maroc avait, par exemple, rappelé son ambassadeur, la Turquie, elle, avait bloqué le processus d'adhésion de la Suède à l’Otan. Des appels au boycott de produits suédois avaient été lancés un peu partout. Des manifestations s’étaient répandues partout dans le monde musulman lors desquelles on pouvait voir le drapeau suédois brûler. L'ambassade de Suède à Bagdad a aussi été attaquée, et le 17 octobre 2023, deux supporters de football suédois ont été tués par un islamiste lors d’un match à Bruxelles.
Donc la Suède a eu très peur pour sa sécurité et le spectre d’une attaque terroriste a longtemps flotté dans l’air. Mais à l’heure actuelle, brûler le Coran ou n’importe quel autre livre religieux reste du ressort de la liberté d’expression en Suède. Même si ceux qui le font, et ils s’en cachent à peine, instrumentalisent la loi suédoise pour servir des intérêts qui n’ont pas grand-chose à voir avec la liberté d’expression, mais plutôt avec l’islamophobie, la haine, le racisme. Ce qui n‘est pas très Charlie.
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