"L'IA est l'outil de dépistage de demain", estime Isabelle Thomassin Naggara, cheffe du service d'imagerie diagnostique et interventionnelle de l'hôpital Tenon à Paris
Comme chaque année, le mois d’octobre se pare de rubans roses pour sensibiliser les femmes à l’importance du dépistage précoce du cancer du sein. Isabelle Thomassin Naggara, cheffe du service d'imagerie diagnostique et interventionnelle de l'hôpital Tenon à Paris, fait le point autour de l'examen de mammographie et du rôle de l’IA comme outil majeur au dépistage.
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En France, 60 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année et environ 12 000 femmes en décèdent. Une femme sur huit risque d’être touchée au cours de sa vie. Néanmoins, le chiffre encourageant est que le taux de survie à cinq ans flirte désormais avec les 85 à 90 %.
franceinfo : La mammographie est-elle l'examen de référence pour le dépistage du cancer du sein en 2025 ?
Isabelle Thomassin Naggara : La mammographie reste l'examen de référence, car c'est un examen qui permet à la fois de voir les cancers, les masses et les petites microcalcifications. C’est la spécificité de la mammographie. Aujourd’hui, le dépistage concerne toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans, et doit être réalisé tous les deux ans.
Pourquoi tous les deux ans ?
Cet intervalle a été évalué il y a une trentaine d'années et, en réalité, il est basé pour des patientes qui ont un risque moyen de développer un cancer du sein. Pour des patientes qui ont des antécédents familiaux, personnels, ou une mutation, c'est un intervalle trop long. On raccourcit, dès lors, le délai entre deux dépistages.
Est-ce que les femmes françaises vont se faire contrôler régulièrement ?
On peut aller faire des mammographies de deux façons : soit on est invité par la caisse d'assurance, soit ce sont les patientes qui viennent avec l'ordonnance de leur médecin. On s'aperçoit que finalement, la somme de ces deux types de dépistage permet d'aboutir à un taux de participation de 60 % qui est dans la moyenne européenne. On peut toujours faire mieux, mais on est plutôt bon élève.
La France est probablement le seul pays au monde à proposer un examen clinique. Lorsque des patients viennent faire la mammographie, le radiologue est capable d'adapter les clichés qu'il faut faire et donc de limiter la dose d'irradiation. La mammographie est l'un des examens les moins irradiants. La dose totale cumulée est inférieure à celle d'un scanner abdominal pelvien injecté pour un patient qui viendrait tous les deux en dépistage de 50 à 74 ans. Le risque de cancer radio induit est donc très faible. Il faut, donc, absolument venir faire son dépistage.
Est-ce que les disparités régionales font que les femmes n'y vont pas ?
La communauté radiologique a organisé lors des Journées Francophones de Radiologie les premières journées soins radiologiques, santé, société en conviant toutes les organisations qui s'occupent du dépistage. L'idée était d'essayer de comprendre quels étaient les leviers pour pouvoir améliorer le taux de participation. Un des éléments, c'était de modifier la façon dont les patients sont invités. Longtemps, les patientes ont été invitées par les centres de coordination des dépistages qu'on appelle les CRCDC. Aujourd'hui, la CNAM peut voir si les patientes n'ont pas fait leur mammographie depuis longtemps.
L'intelligence artificielle est-elle un atout précieux ?
C’est un atout essentiel. Aujourd'hui, pour pouvoir utiliser l'IA, il faut absolument qu'on trouve une solution pour envoyer numériquement les mammographies. La communauté radiologie travaille beaucoup là-dessus grâce au soutien de DRIM France IA.
L'IA est clairement l'outil de dépistage de demain. Deux pays en Europe ont commencé à implémenter l'IA dans leurs systèmes et l'utilisent aujourd'hui en conditions de routine comme un deuxième lecteur, pour une partie des mammographies. Les résultats sont assez éloquents : on arrive à augmenter le nombre de dépistage et le nombre de cancers détecté grâce à l'IA sans faire trop de faux positifs.
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