Parler sans émettre le moindre son, le pari technologique d'une start-up américaine

Une start-up issue du MIT a développé AlterEgo, un appareil capable de reconnaître des mots sans qu’on parle, grâce à des capteurs et à l’intelligence artificielle.

Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La technologie développée par la start-up s’appuie sur des capteurs et sur la propagation du son par les os du crâne. (CAPTURE D'ECRAN YOUTUBE)
La technologie développée par la start-up s’appuie sur des capteurs et sur la propagation du son par les os du crâne. (CAPTURE D'ECRAN YOUTUBE)

Ce n’est pas de la télépathie, mais presque. Une start-up liée au célèbre MIT, l’Institut de technologie du Massachusetts à Boston, a mis au point un appareil qui permet de communiquer sans parler, grâce à l’intelligence artificielle. Cet appareil, baptisé AlterEgo, ressemble plutôt à des écouteurs de walkman, pour ceux qui s’en souviennent. La technologie s’appuie sur des capteurs et sur la conduction osseuse, c’est-à-dire la propagation du son par les os du crâne. Les capteurs détectent les signaux électriques des muscles de la mâchoire, du visage et des cordes vocales lorsque vous parlez la bouche fermée.

L’intelligence artificielle est ainsi capable de reconnaître ce que dit la personne sans qu’elle ait besoin d’émettre un son. Vous pouvez donc avoir une conversation avec quelqu’un dans un groupe sans que personne ne vous entende. Vous pouvez même, assure la start-up, avoir cette conversation dans deux langues différentes puisque l’appareil est capable de traduire. Il est également équipé d’une caméra. Dans l’exemple de la démonstration, l’individu à l’image montre du doigt une personne sur une carte postale, demande sans qu’on l’entende "Qui est-ce ?", et rapidement, l’appareil lui donne la réponse.

À l’origine, il s’agissait d’un projet de recherche au sein du MIT. Lancé en 2018, il est devenu en 2025 une start-up à part entière, avec, du coup, un objectif de profits. L’appareil, au départ, reconnaissait uniquement des chiffres et des mots. Ce sont les progrès de l’intelligence artificielle qui ont permis aux ingénieurs de franchir un cap. Arnav Kapur, l’ingénieur qui a développé AlterEgo, ambitionne de créer une technologie qui soit "une extension naturelle de l’esprit humain", dit-il. Il n’est pas question de lire les pensées d’un autre, ce qui pourrait poser un problème éthique, mais plutôt d’exprimer celles qu’on souhaite partager. Il voulait aussi un appareil moins intrusif que ce qui existe déjà, comme l’implant cérébral de Neuralink, la société d’Elon Musk.

Le stade du prototype


Les applications possibles sont nombreuses. On a déjà évoqué la traduction en direct ou la possibilité de communiquer clairement dans un environnement bruyant. Il serait aussi possible de lancer une recherche sur Internet sans sortir son téléphone ou son ordinateur. On peut surtout imaginer que des personnes ayant des problèmes d’audition ou souffrant de troubles de l’élocution puissent en bénéficier.

La vidéo de démonstration a de quoi impressionner, mais rappelons qu’il ne s’agit pour l’instant que d’un prototype. On ne sait pas encore quel sera le prix de l’appareil, ni même quand il sera commercialisé, s’il l’est tel quel. Aucune information non plus sur l’autonomie de la batterie. Enfin, AlterEgo affirme que son invention atteint une précision de 90%, mais seulement dans un environnement contrôlé. Qu’en sera-t-il dans le monde réel ?

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